« Plus on est aisé, plus l’espérance de vie est élevée. » Ainsi commence le compte-rendu de l’étude publiée par l’Insee le 15 décembre, qui porte sur les écarts en termes d’espérance de vie au sein de la population française, selon que l’on appartienne à une classe aisée ou, au contraire, plutôt modeste. Plusieurs chiffres marquants ressortent notamment de cette enquête, comme le risque de décès dans l’année des 50 ans sept fois plus élevé chez les hommes les plus modestes que chez les plus aisés, démontrant les liens évidents entre espérance de vie et niveau de vie. Si les femmes vivent globalement plus longtemps, la même statistique survient au moment de la célébration du 55e anniversaire, avec un risque six fois plus grand pour les plus modestes.

Si l’on pouvait s’en douter, c’est autre chose que de le voir formalisé dans une étude d’un organisme tel que l’Insee. Ce lien peut notamment s’expliquer par la précarité et les difficultés financières auxquelles sont confrontés les plus modestes. On note ainsi que 3,2 % d’un cinquième des personnes les plus modestes déclarent avoir fait une croix sur des soins médicaux « pour des raisons financières ». Les rédacteurs de l’étude relèvent aussi des inégalités territoriales. On vivrait notamment le plus longtemps dans les régions des Pays de la Loire et d’Occitanie, « et le moins longtemps dans les Hauts-de-France ».

Des différences marquées à différents niveaux

Dès la naissance, l’étude constate des écarts significatifs entre les différentes classes de la population, les 5 % des hommes plus aisés ayant 85 ans d’espérance de vie au premier jour de leur vie, soit 13 ans de plus que les 5 % les moins aisés (72 ans). Pour les femmes, cet écart est plus réduit, mais reste fort. Les 5 % de femmes les plus modestes ont notamment une espérance de vie à la naissance de près de 9 ans inférieure à celle des 5 % les plus aisées, qui atteint 88,7 ans.

À noter une fois de plus le décalage conséquent entre hommes et femmes, les plus précaires de ces dernières pouvant vivre jusqu’à 80 ans en moyenne à la naissance. Bien souvent, une femme a de grandes chances de vivre plus longtemps qu’un homme faisant partie des plus aisés, et ce à partir d’un revenu situé au minimum à 1 500 Euros par mois. 17 ans séparent l’espérance de vie des femmes avec le niveau de vie le plus élevé et celle des hommes les plus modestes.

Alors que la longévité croît normalement avec la qualité de vie, force est de constater que cette progression a connu un fort ralentissement, chez les femmes comme chez les hommes. « Aux alentours de 1 200 Euros par mois, 100 Euros de niveau de vie supplémentaires sont associés à 0,8 an en plus d’espérance de vie chez les femmes et 1,0 an chez les hommes », peut-on ainsi lire dans l’étude de l’Insee. Des gains portés respectivement à 0,2 an et 0,4 an à 2 000 Euros de salaire par mois, puis à 0,1 an et 0,2 an une fois que l’on atteint le palier de 3 000 Euros par mois.