La parole
Un jour de sabbat, Jésus traverse des champs. Ses disciples se mettent à arracher des épis le long du chemin. Les Pharisiens disent à Jésus : « Regarde, pourquoi est-ce que tes disciples agissent ainsi ? Le jour du sabbat, c’est interdit ! » Jésus leur répond : « Dieu a fait le sabbat pour les êtres humains, il n’a pas fait les êtres humains pour le sabbat.»
La Bible, Évangile de Marc chapitre 2, v 23-24 et 27.
Chemin de réflexion
L’humain au centre, un projet de Dieu
Parler de règle évoque la discipline, l’ordre, la contrainte qui paraissent l’inverse de la liberté, ou une limite à l’expression de celle-ci. On s’aperçoit cependant que la règle permet de se situer, de savoir ce qu’il est légitimement possible de faire. Ce cadre posé est rassurant et protecteur car il fixe des limites au droit et au pouvoir de chacun. Jésus nous a rappelé la règle de l’amour envers Dieu et envers notre prochain : il a même déclaré que celui qui suit cette règle obéit du même coup à tous les autres commandements divins. Jésus nous appelle à la liberté, et il a su tenir tête à ceux qui avaient transformé la règle divine en moyen de pouvoir (ils voulaient empêcher les disciples de cueillir quelques épis de blé pendant le sabbat, jour de repos). Il leur a rappelé fermement que la règle a été faite pour l’être humain, et qu’elle ne doit pas passer avant l’intérêt légitime de chacun. Réalisons donc que ce que Dieu veut, c’est nous faire du bien, nous bénir et non nous contraindre.
Bruno Landais et Mario Holderbaum. Église tzigane Vie et Lumières
Faire place
Nous avons été bercés par des règles contraignantes pour nos accueils au cours de cette dernière année. Nous avons appris à adapter nos usages, à nous ajuster pour continuer la relation et se rassurer mutuellement. Finalement, il est apparu que certaines mesures difficiles à accepter au début nous ont fait petit à petit rentrer dans une zone de confort, où la règle devenait prioritaire face aux besoins de relation, de partage, d’échanges en chair et en os. La règle nous permet de structurer nos rapports de vie, au travail et dans la société pour favoriser le vivre ensemble respectueux. Elle pose une limite néessaire à notre liberté. L’écueil pourrait être de la constituer comme un refuge absolu, où il n’y a plus de place pour l’accueil, l’écoute, la réalité du vécu quotidien. Car l’accueil nous bouscule, nous ouvre les yeux et nous conduit à la rencontre de nos précarités réciproques. Il nous déplace vers l’autre, pour que chacun y trouve sa place, et en ressorte nourri et ressourcé.
Rémi Droin, Pasteur, accompagnateur To7 – Toulouse ouverture
Reconstruire le vivre ensemble
Depuis 9 mois, je partage la vie quotidienne d’un centre d’accueil de 50 hommes célibataires, réfugiés, venus de différentes cultures. 50 adultes, autonomes et responsables d’eux-mêmes, qui ont su faire ce grand voyage au péril de leur vie. Est-il vraiment nécessaire de les infantiliser en imposant des règles de vie commune ? Eux qui ont souvent fui un arbitraire démesuré et qui ont dû se soumettre au long de leur voyage à toutes sortes de règles maltraitantes ! Mais ces 50 personnes ont perdu leurs repères au fil de l’exil et des heurts du voyage. Et si elles ont gardé quelques habitudes de leur pays d’origine, elles sont souvent si éloignées des nôtres ! Avec bienveillance, avec respect, poser des règles permet de reconstruire le vivre ensemble et de leur donner les clés de fonctionnement de notre pays, de notre culture. Comprendre les règles de notre société apaise et permet à chacun de se projeter dans un avenir, de faire des choix de vie et surtout de se passer petit à petit de notre accompagnement !
Élisabeth Mesnil, animatrice de vie sociale et résidente du Centre Thomas Sourdille, Diaconat protestant de Nantes
Des mots pour prier
Seigneur, nous te remercions pour la règle que tu nous as laissée car elle n’est pas pénible : c’est un commandement d’amour et une doctrine qui nous permet de vivre sans rester égarés loin de toi.
Apprends-nous à la garder au fond de notre cœur comme un précieux trésor.
Apprends-nous aussi à la vivre chaque jour pour t’aimer et aimer nos proches, quels qu’ils soient, comme tu nous le demandes : avec patience et bonté, sans faux-semblant, en nous réjouissant de ce qui est juste et vrai, en sachant aussi excuser et pardonner comme tu le veux.