À partir d’une question d’actualité, la « boussole de la FEP » propose des pistes de réflexion pour nourrir le sens de nos actions et tenter d’éclairer le sens des événements que nous traversons.

La parole

Les disciples de Jésus reviennent d’une sorte de « stage ». À leur retour Jésus, leur propose de s’isoler avec eux pour « débriefer », mais la foule a suivi, alors Jésus parle à la foule. Le temps passe et les disciples s’inquiètent : il faudrait renvoyer tous ces gens chez eux pour qu’ils mangent et se reposent. Mais Jésus répond à ses disciples « Donnez-leur vous-mêmes à manger ! » Ils lui dirent : « Nous n’avons que cinq pains et deux poissons. Irons-nous acheter des vivres pour tout ce monde ? » »

La Bible, évangile de Luc chapitre 9, verset 13

Chemin de réflexion

Voir son voisin

Quelques maigres provisions, face à une foule qui a faim… Qu’aurions-nous fait à la place des disciples de Jésus ? Comme eux sans doute, nous aurions baissé les bras, comme nous sommes tentés de le faire devant ce qui nous dépasse.
Or, en cet automne, elles sont impressionnantes, les raisons de s’inquiéter ! Inondations dévastatrices, incendies gigantesques, retour des talibans en Afghanistan… À mon niveau, ce que je peux faire n’est qu’une infime goutte d’eau dans la mer ! Je me sens paralysée. À trop regarder au loin, j’en oublierais presque de voir mon voisin. Pourtant, face au désarroi de ses disciples qui lui demandent d’intervenir, Jésus répond : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ! ». Et le plus extraordinaire, c’est que ça marche !
Jésus nous invite tous à prendre les choses en main, à agir. Nous ne pouvons peut-être pas changer le monde, mais nous pouvons tenter de le réparer. La puissance de l’humain est grande lorsqu’il s’engage, avec d’autres. Du peu que nous apportons, Jésus fait de grandes choses.

Christine Renouard, pasteur. Église Protestante Unie de France

 

Partir de nos acquis

La demande de Jésus à ses disciples de nourrir cette foule immense peut être vue comme une provocation, ou pire, une mise à l’épreuve de leur incapacité ! Combien de fois nous trouvons-nous au pied d’une falaise avec des injonctions diverses alors que nous nous sentons dans l’impossibilité de la monter ? Nos propres forces ne suffisent pas, mais comment se l’avouer ? Il n’est pas bon aujourd’hui de passer pour un faible ou d’être dépassé par les événements. Au fond, la leçon que donne Jésus à ces disciples dans cette « multiplication des pains », c’est : partons de nos acquis. Plutôt que de nous projeter vers un exploit hypothétique, analysons froidement et honnêtement ce que nous avons en main. La foule sera nourrie à partir de cinq pains et deux poissons et le texte ne dit pas comment. Il nous laisse imaginer et souvent nous voulons y voir une sorte d’intervention magique, donc à priori hors de portée du commun des mortels. Mais la beauté de ce récit, c’est qu’il part d’une donnée concrète et rationnelle et nous demande de ne pas exclure le pari de la foi vers l’impossible.

Brice Deymié, pasteur de l’Action Chrétienne en Orient à Beyrouth

 

Prêts au partage

Et pour les disciples : questionnement ? perplexité ? incompréhension ? inquiétudes ?… Quelle responsabilité sur leurs épaules ! De quoi se sentir dépassés, tellement impuissants. Comment répondre ? Ils sont prêts à mettre en commun leurs maigres biens, conscients certes que cela ne suffira pas mais prêts à les mettre en partage. Nous aussi, sur notre lieu de travail, dans nos familles, dans la rue, nos yeux voient ceux qui nous entourent, nous sommes face à leurs attentes, leurs besoins. Nous entendons et voyons aussi au travers des actualités le cri et les besoins d’hommes et de femmes souffrant d’injustice, de pauvreté.
Et nous aussi, comme les disciples face à l’appel du Christ, face à son commandement d’amour, nous nous sentons dépassés, nous nous sentons bien impuissants. Jésus attend simplement que les yeux et le cœur ouverts sur les besoins de ceux qui nous entourent, je sache lui dire « je n’ai peut-être pas grand-chose mais ce que j’ai, je te le donne pour que tu puisses le multiplier ». Et comme les disciples, nous serons témoins de la multiplication, à travers nos gestes, petits et grands, nous serons témoins de l’amour du Christ. N’attendons pas d’être riches, de nous sentir capables, Dieu a besoin de nous comme il a eu besoin des disciples et de leurs petits pains et de leurs deux poissons, pour manifester son amour.

Rolande Ribeaucourt, Directrice du Pôle Santé abej Solidarité

 

Des mots pour prier

Seigneur,
tu sais qui nous sommes, des hommes et des femmes anxieux et prompts au découragement devant l’ampleur des tâches à accomplir pour le monde.
Rappelle-nous, Seigneur, que tout près de nous se trouvent mille actions à notre portée.
Rappelle-nous que nous ne sommes pas seuls, et qu’à plusieurs tout devient plus facile.
Rappelle-nous aussi que ton aide nous est promise, et qu’avec toi nous pouvons faire des merveilles.
Amen