À partir d’une question d’actualité, la « boussole de la FEP » propose des pistes de réflexion pour nourrir le sens de nos actions et tenter d’éclairer le sens des événements que nous traversons.

La parole

Jésus avait été prévenu de la mort imminente de son ami Lazare, mais il met trois jours à arriver.
Lorsque Marie parvint à l’endroit où se trouvait Jésus, dès qu’elle le vit, elle tomba à ses pieds et lui dit : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. »
Lorsqu’il les vit se lamenter, elle et les Judéens qui l’accompagnaient, Jésus frémit intérieurement et il se troubla

La Bible, évangile de Jean chapitre 11, versets 32 et 33

Chemin de réflexion

Laisser les errements prendre tout leur sens

L’humain a une histoire, il habite un corps, un lieu, marche et s’oriente. Ses déplacements sont autant de tentatives de s’ajuster au monde pour essayer d’en comprendre le sens. On représente nos vies comme des arbres généalogiques, c’est-à-dire une série de points : naissance, baptême, diplôme, mariage, métier… la vie se déploie à l’intérieur de ces points. Ne vaudrait-il pas mieux considérer la vie comme une série de lignes tissées les unes avec les autres ?
Lorsqu’on ne trouve plus de sens à ce que l’on fait, c’est sans doute parce que l’on identifie un objectif initial et que l’on trace une ligne droite entre notre point de départ et cet objectif. Nous n’imaginons ni les carrefours, ni les intersections, ni les bas-côtés.
Tout errement, tout retour en arrière, les pas qui heurtent une pierre sont d’ordinaire interprétés comme des péripéties, au pire des échecs, mais jamais (ou rarement) ils ne sont considérés comme susceptibles de construire du sens. Quand le Christ ressuscite Lazare, il transforme l’échec suprême qu’est la mort. Ne devrions-nous pas y voir un signe pour notre vie ?

Brice Deymié, pasteur de l’Action Chrétienne en Orient à Beyrouth

 

En quête de sens

Tout se bouscule dans la tête de Marie. Son frère Lazare est mort. Elle espérait que Jésus interviendrait mais celui-ci n’a, à ses yeux, rien fait. Espoir déçu, perte de repères, son monde s’écroule. Marie bascule dans l’incompréhension et le non-sens. Elle s’effondre et pleure. Ne sommes-nous pas traversés parfois par de tels sentiments ? Situations instables, injonctions contradictoires, règlements incohérents, changements permanents, sollicitations multiples, actions désordonnées pour parer au plus pressé…
À force de courir dans tous les sens, nous perdons sens. Nous avons l’impression de ne plus nous appartenir, d’être une balle de tennis ballottée à tout va dans une grande lessiveuse. Et si nous faisions une pause pour nous retrouver nous-mêmes, reconsidérer ce qui est important, redéfinir nos priorités ? Une telle démarche spirituelle cherche ce qui est premier, essentiel, source de vie. Marie l’aurait-elle découvert en accourant vers Jésus ?

Denis Heller, pasteur, Fondation Diaconesses de Reuilly

 

« Je ne trouve plus de sens à mon travail aujourd’hui… »

Tel est le message souvent entendu dans nos structures… Le problème n’est pas tant de déterminer le sens du travail de manière absolue que de comprendre comment chacun peut trouver une signification aux actions qu’il accomplit. L’idée de sens implique nécessairement qu’on peut aller dans une direction ou dans une autre. Il faut donc s’assurer que chacun soit en mesure de déterminer une intention à son travail, dans un objectif commun : le bien-être de la personne accueillie. C’est à chaque professionnel de discerner pour lui-même le sens qu’il trouve à sa tâche.
Nos métiers au service des plus vulnérables sont exigeants en termes de psychologie, de patience et d’empathie, mais c’est précisément ce qui donne à ce secteur sa raison d’être et attire de nombreux professionnels… Pourtant, la majorité d’entre eux déclare ressentir une fatigue liée à la surcharge de travail induite par la crise sanitaire, se dit concernée par le risque d’épuisement professionnel, jusqu’à perdre le sens de sa mission…
Se préoccuper du bien-être des salariés que nous encadrons n’est donc plus une option : c’est une nécessité, pour qu’ils (re)trouvent la formidable valeur de leur travail pour le bien commun ! Le bien-être des personnes accueillies passe par le bien-être de nos collaborateurs…

Olivier Suft, directeur du site La Clé Pour l’Autisme, Fondation John BOST en Île-de-France

 

Des mots pour prier

Ô Seigneur, nous avons parfois le sentiment d’être perdus.
Le monde est complexe et nous sommes poussés dans une perpétuelle course en avant.
Nous ne savons pas où elle nous mène.
Tu viens nous dire en secret que tu es chemin, vérité et vie.
Fais-nous trouver des chemins de vie.
Conduis-nous sur tes chemins, dans la vérité de l’amour.
Donne-nous sur ces chemins de faire des humains nos prochains.
Amen