L es États généraux de la bioéthique lancés en février ne souhaitent pas engendrer « un débat d’experts » mais un débat citoyen au cours duquel chacun peut faire entendre sa « pensée singulière », en acceptant de ne pas détenir « La » vérité et en croyant que l’intelligence collective sera toujours plus forte, triomphera des lobbies de toutes sortes.

Le génome est l’ensemble du matériel génétique d’une personne (et, plus généralement, de n’importe quel être vivant) contenu dans l’Acide désoxyribonucléique (ADN). Le séquençage de celui-ci a été mis au point dans les années 70 par deux chercheurs : l’américain Walter Gilbert, d’un côté, et le savant anglais Frederick Sanger, de l’autre. Leurs recherches furent récompensées du Nobel de Chimie en 1980. Depuis, les méthodes n’ont cessé d’être perfectionnées. La médecine, en particulier, a très vite été consciente des potentialités de cette découverte. Le décryptage des gènes ouvrait la voie à une multitude de traitements nouveaux. Des maladies génétiques, comme celle de Parkinson, allaient pouvoir être soignées grâce à la protéine Cas9. Il en est de même des maladies qui ont une « composante génétique » comme le diabète, l’obésité, voire même alcoolisme (certains chercheurs estiment qu’une modification des gènes ADH1B et DRD2 modifieraient notre réaction face à l’alcool…). Mais pas seulement. Les médecins pensent aujourd’hui que certains cancers pourraient bénéficier aussi d’une thérapie génique (avec les fameuses cellules T…) et même certains types de surdité. La terra incognita du génome s’avère aussi prometteuse que passionnante !

La possibilité de vaincre la mort

Mais les recherches sur le génome comportent une autre face, plus sombre. Certains chercheurs en effet voient, grâce au décryptage du génome, l’opportunité de faire miroiter à quelques milliardaires angoissés et égocentriques, la possibilité à court terme de vaincre la mort. Partout dans le monde, des laboratoires se livrent à une course contre la montre, explorant toutes les pistes possibles et imaginables : l’américain Josiah Zayner, l’année dernière, a modifié son propre ADN, en choisissant des gènes à supprimer et d’autres à ajouter (méthode de « crispérisation »). Il ne souhaitait plus être « esclave de [son] patrimoine génétique » ! On frise l’eugénisme ! (1) D’autres scientifiques travaillent sur le clonage de l’être humain, sur son « bio-printage ».

Cette technique d’impression permettrait, à terme, la fabrication à grande échelle d’organes et, pourquoi pas, d’humains via une bio-imprimante 3D ! D’autres chercheurs encore examinent la mouche drosophile ou le rat taupe nu. Ils espèrent pouvoir découvrir le secret de la longévité stupéfiante de ces animaux pour l’appliquer à l’homme. Ces recherches méritent d’être connues et discutées dans l’espace public et non seulement dans les laboratoires. Elles viennent questionner la manière dont nous envisageons notre vie ici-bas, notre rapport à l’autre et au monde, notre rapport à la mort et à Dieu.