… permettant d’uniformiser certains comportements face à des situations définies. La définition de normes engendre dans son sillage la définition de sanctions applicables en cas de non respect des règles posées, imposant à chacun de se conformer aux exigences de la société sous peine d’en être exclu. Mais qu’en est-il du libre arbitre ? De l’appréciation de la relation et de l’action ? Normes et sanctions sont-elles toujours souhaitables ? Et si oui, applicables ? En bref, comment évoluer entre la norme et la sanction ?

La punition, qu’une société inflige à ceux qui ont transgressé sa loi, implique, pour qu’elle soit comprise, que l’individu accepte la validité de la norme qui le juge. Depuis Cesare Beccaria et son traité Des délits et des peines (1765), la justice proportionne la peine à la faute. Lorsque Beccaria commence à écrire son livre, les châtiments étaient atroces, on ne se bornait pas à frapper de mort la plupart des crimes mais on aggravait la peine par d’horribles supplices. Le juge avait des pouvoirs quasi illimités, aucun droit accordé à la défense, ni l’équité d’une proportion entre les délits et les peines.

Le philosophe anglais, Jeremy Bentham, père du courant appelé « utilitarisme », conçoit la punition comme devant d’abord être utile à la société: « La peine, moyen vil en lui-même, qui répugne à tous les sentiments généreux s’élève au premier rang des services publics lorsqu’on l’envisage, non comme un acte de colère ou de vengeance contre un coupable (…) mais comme un sacrifice indispensable pour le salut commun. »(1) Beccaria et Bentham vont construire le système pénal qui va s’étendre peu à peu à toute l’Europe et qui instaure une double fonction à la peine : d’une part, provoquer l’amendement du coupable ; d’autre part, faire en sorte que cette punition infligée soit utile à la société, soit dans sa valeur d’exemple, soit en permettant la réintégration de l’homme puni.

(1) Dumont, Théories des peines et des récompenses, extraits des manuscrits de Jérémy Bentham, Tome 1, Bruxelles, 1840, p. 23.