Au soir de sa première victoire présidentielle, en mai 2017, Emmanuel Macron clamait : “Je voudrais avoir un mot pour tous ceux qui ont voté aujourd’hui pour Madame Le Pen (…) Je ferai tout durant les cinq années qui viennent pour qu’ils n’aient plus aucune raison de voter pour les extrêmes”. Cinq ans plus tard, force est de constater qu’il s’agit d’un échec, écrit France Info.
En avril, Marine Le Pen, cheffe de file du Rassemblement national (RN), est arrivée au second tour de l’élection présidentielle. Face à au Président sortant, elle a obtenu 41,45% des voix, le score le plus élevé de l’extrême droite lors d’un second tour (elle avait récolté en 2017 33,9% des suffrages). Et dimanche 19 juin, à l’issue des élections législatives, le RN a décroché 89 sièges de députés. Un score également historique dans l’histoire de l’Assemblée nationale.
“Ratisser des deux côtés”
“Le RN a multiplié son nombre de députés par onze. Le parti d’extrême droite est le premier groupe d’opposition parlementaire. Ironie de l’histoire : le parti héritier du discours ‘antisystème’ se situe désormais au cœur du système”, commente le politologue Béligh Nabli dans une chronique pour L’Obs. Comment expliquer un tel résultat ? “En se présentant comme le nouveau visage du centre et en allant ratisser des deux côtés, le président de la République a structurellement contribué à affaiblir les anciens partis de gouvernement”, analyse Jessica Sainty, enseignante-chercheuse en science politique à l’université d’Avignon, auprès de France Info. Ainsi, les partis traditionnels se sont vidés de leur substance, ce qui a permis notamment au RN de s’établir plus facilement.
“Normalisation” du discours de l’extrême droite
Pour Béligh Nabli, toujours dans L’Obs, Emmanuel Macron “s’est mué ces dernières années en allié objectif de la montée de l’extrême droite. De l’interview à ‘Valeurs actuelles’ au coup de téléphone amical à Éric Zemmour, en passant par le lancement de débats superficiels sur les thèmes tels que l’immigration ou le ‘séparatisme’, le président Macron s’est plié, durant son premier mandat, à un exercice de normalisation des mots, références et discours issus de l’extrême droite.” Et Mediapart n’y va pas de main morte, qualifiant Emmanuel Macron d’“idiot utile de l’extrême droite.” Au lieu de lutter contre “les idées racistes et xénophobes” du RN, le président leur a fait “la courte échelle par pur cynisme politique”, analyse le journal en ligne.