Le gouvernement de François Bayrou a échappé à une huitième motion de censure, mardi 1er juillet. La motion, déposée par les socialistes, n’a recueilli que 189 voix sur les 289 nécessaires pour faire tomber le gouvernement. Les socialistes ont notamment reproché à François Bayrou de les avoir trahis concernant la réforme des retraites et le conclave qui n’a pas donné lieu à un accord. Ils ont regretté que le chef du gouvernement ait fermé la porte à un abaissement de l’âge légal de départ à la retraite et de ne pas laisser le Parlement débattre à ce sujet. Le Premier ministre a défendu des avancées actées durant le conclave qu’il souhaite présenter au Parlement dans le budget de la Sécurité sociale. Il a insisté sur l’équilibre financier du système des retraites. « Si personne n’alerte, si personne n’entend, nous allons nous perdre dans le surendettement », a-t-il affirmé selon des propos rapportés par RFI. Le gouvernement souhaite trouver 40 milliards d’euros d’économies en 2026, ce qui s’annonce compliqué sans majorité à l’Assemblée nationale.

François Bayrou va recevoir les différents groupes parlementaires à Bercy à partir du mercredi 2 juillet et avant le 11 juillet. Le gouvernement souhaite ramener le déficit public de la France à 4,6% du PIB en 2026. Pour autant, Bercy ne défend pas une politique d’austérité. « Avec 57% de PIB de dépenses publiques, on peut tout à fait à la fois réduire les dépenses et maintenir la qualité des services », a assuré le ministre de l’Économie et des Finances, Éric Lombard, cité par franceinfo. Parmi les 40 milliards d’euros d’économies, 10 milliards correspondent à la nécessité de compenser la fin des mesures exceptionnelles non reconduites en 2026, indique Mathieu Plane, directeur adjoint à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) et spécialiste des finances publiques. « On est donc plutôt sur 30 milliards qui concernent de nouvelles mesures d’économies », a-t-il expliqué.

La proportionnelle, l’autre bataille de François Bayrou

Mais où trouver ces économies ? François Bayrou a souhaité que « tous les Français fassent des efforts », mais le ministre de l’Économie avait affirmé au début du mois de juin qu’il n’y aurait « pas de hausse d’impôts d’ensemble ». La porte-parole du gouvernement, Sophie Primas avait affirmé que « toutes les pistes sont étudiées ». Parmi elles, figure celle d’une « année blanche », qui consiste à reconduire les dépenses sans les indexer sur l’inflation. D’autres pistes ont été évoquées comme la baisse des niches fiscales ou de crédits d’impôt, la baisse des dotations accordées aux collectivités locales, la réduction du nombre de fonctionnaires ou la suppression d’agences de l’État. Le gouvernement prévoit déjà 1,7 milliard d’euros d’économies dans le domaine de la santé en 2025. « Il n’y aura pas une grande mesure choc, mais une succession de mesures qui vont affecte l’ensemble de la sphère de la dépense publique », a estimé l’économiste Mathieu Plane.

Après le budget, François Bayrou souhaite aussi présenter une réforme pour introduire la proportionnelle aux élections législatives. Il a déclaré, dimanche 29 juin, qu’il pouvait obtenir une « majorité », bien que cette réforme ne fasse pas l’unanimité. « Je présenterai ce texte après que nous aurons eu le travail budgétaire », soit à la fin de l’année 2025, soit au début de l’année 2026, a-t-il affirmé. Toutefois, les membres du gouvernement issus des Républicains sont opposés à cette réforme. Le Premier ministre défend une proportionnelle intégrale par département comme en 1986. Le Rassemblement national est favorable à une proportionnelle avec une prime majoritaire. De son côté, le camp présidentiel est divisé, rapporte Le Monde. Le MoDem y est favorable quand Horizons y est opposé. Renaissance va interroger ses militants durant l’été, avant un vote en septembre.