Jour J. Mardi 30 novembre, le Panthéon doit accueillir Joséphine Baker en son sein. Sur les 80 personnalités “panthéonisées”, seules cinq étaient des femmes jusqu’à présent. Désormais, elles seront six en comptant Joséphine Baker. Femme, noire, résistante et chanteuse née à l’étranger, elle sera la première artiste de scène à être célébrée en ces lieux, comme le souligne le Huffpost.

Joséphine Baker est née le 3 juin 1906 à Saint-Louis, dans le Missouri. Issue d’une famille pauvre, elle part ensuite à 19 ans en direction de Paris, où elle devient une icône des Années folles. “C’est la France qui m’a fait ce que je suis, je lui garderai une reconnaissance éternelle”, dira même celle qui a obtenu la nationalité française il y a exactement 84 ans, soit le 30 novembre 1937. Profitant de sa notoriété, elle entre dans le contre-espionnage durant la Seconde guerre mondiale. Adoptant 12 enfants à travers le globe, indique le Huffpost, elle mène aussi un combat international contre le racisme.

“Apôtre du vivre-ensemble”

“Ça va être mémorable” avec de “la joie et de l’excitation”, explique Brian Bouillon-Baker dans L’Express, qui relaie l’AFP. Il est l’un des 12 enfants adoptés par l’illustre chanteuse, dont 11 sont toujours vivants. Avec eux, des centaines de personnes vont rendre hommage à Joséphine Baker. D’ailleurs, Emmanuel Macron, à travers un discours notamment, doit rendre hommage à l’artiste engagée, qui “fut de tous les combats qui rassemblent les citoyens de bonne volonté, en France comme de par le monde”, dixit le Président français qui déclarait déjà le 23 août dernier en annonçant son entrée au Panthéon : “Elle est l’incarnation de l’esprit français”.

Sous la présidence d’Emmanuel Macron, sont entrés au Panthéon Simon Veil en 2018, Maurice Genevoix en 2020 et, donc, Joséphine Baker en 2021. Un choix plus inattendu, note le Huffpost, s’interrogeant sur la dimension politique de cette “panthéonisation” et précisant le profil figé de celles et ceux qui y reposent (de nombreux hommes d’État, héros de guerre ou écrivains). Le site d’information affirme que l’entrée au Panthéon de Joséphine Baker “coche toutes les cases de la ‘réconciliation’ mémorielle” que le chef d’État français défend depuis son arrivée au pouvoir. Puisque la célébration de “cette apôtre du vivre-ensemble” constitue une sorte de réponse à ceux qui souhaitent le mettre à mal, à ses yeux.

“J’ai deux amours, mon pays et Paris”

“Joséphine Baker entre au Panthéon parce que c’est une femme qui est née noire et américaine dans une société fermée d’assignation à résidence et qui est devenue tout au long de sa vie et jusqu’au bout de celle-ci l’incarnation des valeurs des Lumières de la République française et de l’ouverture au monde que cela implique”, précise l’Élysée au JDD. “Dans une époque où on s’interroge sur les liens du sang, il est important de rappeler qu’il y a aussi les liens du cœur”, indique-t-on, en référence aux adoptions de Joséphine Baker. À cinq mois de de la présidentielle, l’Elysée assure pourtant qu’il ne faut pas voir y voir de message politique. “Il y a réellement un consensus très large” et “pas une voix ne s’est élevée” pour la contester, relève un conseiller pour l’AFP.

Sur volonté de sa famille, la dépouille de Joséphine Baker ne sera pas dans le cercueil. C’est un cénotaphe qui sera installé dans le caveau 13 de la crypte. J’ai deux amours, mon pays et Paris”, sa chanson la plus connue, devrait retentir à l’arrivée du cercueil au Panthéon.