Il s’agit de demander aux gouvernants, leurs aînés, de faire quelque chose contre le réchauffement climatique et leur laisser une planète vivable.
Elle a une tête de toute jeune fille, mais du haut de ses 16 ans, elle soulève la planète depuis août dernier. On l’a vu dans les manifs de jeunes en Suède bien sûr, mais aussi à Bruxelles, à Londres, à Paris. Elle parle à la COP 24, au Forum de Davos, à la Commission européenne.
Faut-il comprendre que les jeunes accusent les vieux de ne pas penser aux générations à venir ? Pointe-telle du doigt la responsabilité des riches et l’injustice sociale, le luxe de nos États face aux États les plus pauvres ? Bien sûr, il y a un risque dans cette opposition jeune/vieux, riche/ pauvre. Cela peut favoriser la haine, le ressentiment et le clivage entre nous tous. La cause écologique ne doit pas nous éloigner de ce que ne cesse de faire Jésus-Christ dans son ministère: humaniser par la Parole, même les plus diaboliques d’entre nous. Oui nous sommes responsables, mais pas au prix de boucs émissaires ! Nous devons y arriver ensemble, unis face aux défis de notre monde. Attention à toute forme de déshumanisation, même pour la bonne cause, attention à cette manière de nous opposer les uns aux autres.
Pour une écologie anti-élites
« Vous n’êtes pas assez matures pour dire les choses comme elles sont », lance Greta Thunberg aux dirigeants de ce monde. Dans un monde où les populismes proposent de faire tomber les élites politiques, cette phrase est significative. Cela nous renvoie au prophète Ézéchiel (18.2-19) et au dicton populaire : « les pères ont mangé des raisins verts et les enfants ont les dents agacées ». Le Dieu créateur, puis à sa suite son Fils, nous encouragent à voir l’avenir autrement : croire en un avenir possible, au-delà de la faute des anciens. On ne construit pas son avenir en rejetant la faute sur les autres. Ce fardeau n’est pas laissé à nos enfants, mais entre les mains de Dieu ! Le livre de la Genèse invite à prendre soin de cette nature dont nous sommes responsables de génération en génération.
Et apolitique
Greta Thunberg est suivie très vite en France. Le collectif Youth for Climate France a organisé une mobilisation « massive, apolitique et non-violente » en vue d’une vaste grève scolaire internationale qui s’est tenue en mars. Dès qu’un mouvement se veut rassembleur, il se dit apolitique. Pourtant, « le christianisme reste essentiellement le moteur actif d’une responsabilité du politique hors de ses dérives tyranniques » (François Vouga, Politique du Nouveau Testament). Toute volonté de changer le monde, de créer plus de justice, de paix sociale, doit se faire de manière politique.
Avant toute chose, Greta Thunberg demande aux gouvernements des actions immédiates et concrètes afin de limiter les émissions de gaz à effet de serre. J’ai dit à mes petits-enfants lycéens : « Séchez les cours, faites grève le 15 mars ! » Avec Greta Thunberg, montrez que, vous aussi, vous faites quelque chose pour la planète ! Et cette action est éminemment politique. Malgré les risques de divisions et de récupération, Greta Thunberg nous réveille tous, élus ou simples citoyens, chrétiens ou athées.