À partir d’une question d’actualité, la « boussole de la FEP » propose des pistes de réflexion pour nourrir le sens de nos actions et tenter d’éclairer le sens des événements que nous traversons.
La parole
« Soyez toujours humbles, doux et patients. Supportez-vous les uns les autres avec amour »
La Bible, lettre aux Éphésiens chapitre 4, verset 2
Chemin de réflexion
Une bienveillance source de confiance !
Discordes et conflits risquent de mettre à mal l’unité de la communauté chrétienne d’Éphèse. D’où cette exhortation à vivre des relations empreintes d’humilité et de douceur afin de se soutenir les uns les autres. En effet, il est demandé de se « supporter » de manière active afin de se « porter » et non pas de se supporter de manière minimaliste en s’acceptant tant bien que mal ! C’est un encouragement à la bienveillance. En cette période de sortie de pandémie, les relations dans les équipes de professionnels comme de bénévoles peuvent être à fleur de peau, sous tension : la fatigue, le manque de personnel peuvent y être pour quelque chose mais peut être aussi cette suspicion généralisée à laquelle nous avons été conditionnés.
La bienveillance est alors une ressource précieuse. Elle est disposition du regard et du cœur. Elle chasse les préjugés et les à prioris négatifs, elle évite les sur-interprétations. Elle recherche la simplicité et rend le quotidien plus léger. Elle signifie : voir le Bien dans l’autre, coûte que coûte !
Denis Heller, pasteur. Fondation Diaconesses de Reuilly
Devenir pilier pour l’autre
Je revois ce groupe de résidents en Foyer d’Accueil Médicalisé imaginant réaliser des banderoles pour se supporter, comme on supporte tel ou tel club de sport en défilant, en l’encourageant, en criant, « Vous êtes les meilleurs !!! », en se réjouissant pour eux. Mais le verbe «supporter» signifie le plus souvent « faire avec l’autre » et ses côtés insupportables. Comment passer d’un sens à l’autre ? Et supporter l’autre, comme un pilier supporte une voûte ? Chacun de nous doit inventer sa façon d’être pilier pour les autres.
On est loin de la recette de cuisine ou des solutions toutes faites. Soyons créatifs ! Moi, je serai pilier pour toi dans l’écoute de tes projets. Toi, tu seras pilier d’un autre dans le rangement de votre lieu de travail commun. Lui, il sera pilier pour son collègue en acceptant de faire différemment de ce qu’il avait imaginé. Il ne reste plus qu’à nous servir.
Isabelle Bousquet, pasteure. Fondation John Bost
Permettre à la parole de circuler
De nombreux experts sont là pour faire en sorte que nous soyons heureux au travail. Et pourtant ? Face à des situations de grande souffrance, mettant en jeu des causalités multiples, des attentes et des intérêts contradictoires, la tension peut devenir insoutenable entre droit et justice, responsabilité individuelle et collective, liberté et solidarité, signalement et confidentialité. L’épreuve éthique, quotidienne, nous oblige à assumer ces dilemmes en décidant dans l ‘indécidable, c’est-à-dire à mettre en jeu les dimensions du « vouloir », de la « valeur » et du « risque » là où le savoir et la vérité font défaut. C’est là que nous pouvons être mis à mal dans nos relations. Il faut nous supporter dans ces moments de dilemmes où aucun expert ne vient nous apaiser.
Alors, gardons des « espaces temps » permettant à la parole de circuler, pour créer des « espaces du possible» et veiller au maintien de l’Être au sens de Paul Ricœur. Alors nous pourrons reconnaître l’autre au travers de son pouvoir dire, pouvoir faire, pouvoir se raconter et pouvoir se croire capable de.
La pratique de la parole nous permet de découvrir du sens au cœur d’une réalité enchevêtrée et de retrouver ainsi, dans une perspective protestante, « l’institution comme lieu du débat et du service et non celui d’un savoir et d’un pouvoir ».
Corinne Ménadier, directrice adjointe de GAIA 17. Fondation Diaconesses de Reuilly
Des mots pour prier
Ô notre Dieu ta bienveillance est grande à notre égard.
Tu pourrais nous faire mille reproches : de ne pas être à la hauteur de ton projet d’amour et de justice, de nous enfermer dans des préoccupations futiles, de rester aveugles face aux souffrances humaines…
Et pourtant tu viens à nous en renouvelant ta confiance.
Tu nous considères comme des êtres dignes, appelés à servir et à aimer.
Donne-nous un regard bienveillant qui se traduise par l’accueil et l’écoute de l’autre.
Libère-nous de nos peurs et de nos jugements hâtifs, pour nous ouvrir à la joie de la rencontre.