Qu’est-ce que le luxe ?

En latin, luxus, c’est ce qui n’est pas nécessaire, le superflu. Il y a aussi une idée de stratification sociale, d’un besoin de se sentir supérieur. En cela, le luxe est «politiquement incorrect». Ce besoin humain de supériorité s’observe dans tous les domaines: économique, culturel, moral, intellectuel… Et même dans la spiritualité! On parle aujourd’hui de spiritual materialism lorsque la spiritualité est utilisée pour l’optimisation de soi-même. Pensez à tous ces séminaires d’inspiration pour chefs d’entreprise…

Ces valeurs – la distinction sociale – ne vont-elles pas à l’encontre de l’époque ?

Il y a une divergence entre le luxe et la durabilité: le secteur n’est pas encore durable. La question du genre reste aussi complexe: l’industrie du luxe s’est construite sur une dualité homme-femme aujourd’hui totalement disruptée (qui ne répond plus à des standards qui ont changé brutalement, NDLR). Enfin, l’époque est à la transparence, à l’ouverture pour atteindre les objectifs du développement durable; or le monde du luxe reste très confidentiel.

Pourtant, l’industrie réussit toujours à imposer ses codes, pensons au quiet luxury (luxe discret)…

Cette manière de consommer, plus mature et aristocratique, sans affichage de logo, a toujours existé. Sans doute que beaucoup de consommateurs ont aujourd’hui dépassé un premier stade d’accès au luxe et de consommation ostentatoire. Mais l’industrie est faite de cycles: si le quiet luxury se répand, son contrepied reviendra sur le devant de la scène.

Les codes du luxe sont présents partout : produits premium, packaging…

On assiste à une «mainstreamisation» du luxe, en lien avec notre culture de la consommation. En comparaison avec l’époque de nos parents, nous consommons constamment. Par ailleurs, avec l’essor de la classe moyenne chinoise, beaucoup de marques de luxe ont développé des produits d’entrée de gamme. Enfin, contrairement aux Trente Glorieuses, nous traversons une période […]