L’heure n’est pas aux réjouissances du côté des taux d’intérêt de la dette en Europe de l’Ouest. La France en particulier a affiché un taux d’emprunt à 4,513 % à échéance 30 ans au matin du mardi 2 septembre 2025, générant le pic le plus haut depuis juin 2009, d’après le journal économique La Tribune. Cette remontée fulgurante crée un climat de défiance à l’égard du pays de la part des investisseurs, déjà rendus frileux par l’incertitude planant sur les politiques européennes et les parcours budgétaires.
L’approche du vote de confiance voulu par le Premier ministre François Bayrou, qui pourrait ne plus occuper cette fonction très longtemps, et la possibilité d’une dissolution agitent leur nervosité et entretiennent leur réserve envers l’Hexagone. « Une paralysie institutionnelle rendrait plus difficile l’ajustement budgétaire, déjà compliqué par le niveau actuel du déficit », confie l’économiste chez Deutsche Bank, Jim Reid, alors que le taux à 10 ans n’est guère mieux, pointant à 3,57 %.
L’Allemagne et le Royaume-Uni également fragilisés
Si les rendements d’État à 30 ans en Allemagne n’atteignent pas ceux de la France, la situation n’y est pas forcément plus enviable malgré une meilleure image en matière de discipline budgétaire. Outre-Rhin, les Bunds (emprunts d’État à long terme) pointent à 3,40 %, un chiffre qui n’avait plus été atteint depuis 2011. Le déficit était jusqu’alors limité de l’autre côté de la frontière, mais c’était sans compter sur la politique budgétaire menée par le récemment élu chancelier, Friedrich Merz. Depuis son arrivée au pouvoir le 6 mai dernier, son « bazooka fiscal » a ainsi permis un assouplissement du frein de la dette.
Au Royaume de Sa Majesté, on crève le plafond. Surpassant le pic français, les Britanniques voient le taux à 30 ans atteindre un score qui n’avait plus été constaté depuis 1998 avec un point culminant à 5,693 %. Pour Neil Wilson, analyste chez Saxobank, les marchés affichent aussi une certaine défiance face à la trajectoire économique du Royaume-Uni en raison de la volte-face opérée sur les coupes budgétaires. « Cette évolution témoigne du manque de confiance des investisseurs dans la capacité du Trésor à respecter ses règles d’endettement », a-t-il ainsi développé.