Novembre 2021. La COP26 vient de s’achever. Thomas (nom modifié), lycéen de 16 ans en région parisienne, témoigne auprès du journal Le Monde : “Quand je lis le pacte de Glasgow pour le climat, je comprends que ça ne suffira pas, et je me désespère. Je me sens à nouveau tomber dans le gouffre de l’écoanxiété”, confie-t-il. Depuis deux ans, il se dit écoanxieux, c’est-à-dire qu’il est angoissé face aux effets anticipés du dérèglement climatique. Thomas a ressenti cela en 2018 et 2019 et ce, malgré les marches pour le climat, les grèves scolaires et les actions de désobéissance civile à l’aune de plusieurs catastrophes climatiques.
À l’image de Thomas, combien sont-ils à ressentir ce genre d’inquiétudes ? De plus en plus nombreux, estime Le Monde, même si l’expression et les manifestations de ce sentiment sont très variables, écrit le quotidien. D’après une étude publiée en septembre dernier dans la revue The Lancet Planetary Health, 45% des jeunes sondés sont affectés par l’écoanxiété dans leur vie quotidienne : 1000 jeunes entre 16 et 25 ans de 10 pays ont participé à cette étude. Parmi eux, 75% jugent le futur effrayant, 56% pensent que l’humanité est condamnée et 55% prédisent qu’ils auront moins d’opportunités que leurs parents.
Bulle de déconstruction
En France, l’Observatoire de la vie étudiante, en 2020, précise que 86 % des étudiants se disent inquiets, voire très inquiets, par la crise écologique. L’année précédente, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) notait que, chez les moins de 25 ans, 30 % des enquêtés plaçaient en tête l’environnement parmi leurs préoccupations principales. La même enquête avance que le pessimisme chez les jeunes de 15 à 17 ans atteint 75%
À cette âge-là, écrit Le Monde, les rapports avec les parents sont également conflictuels. Outre les débats houleux au sein de la famille, ce trouble de l’écoanxiété se répercute, logiquement, sur la manière dont la jeunesse pense à l’avenir. Quelles études, quel métier choisir ? “En ce moment, ça ne va pas très bien, j’ai du mal à me projeter. C’est pour ça que les dix années d’études en médecine, ça ne collait pas”, admet une jeune fille de 17 ans au journal Le Monde.
Un rapport à l’école, qui change également. “Je suis dans une bulle de déconstruction perpétuelle. Je lis tellement d’autres rapports par ailleurs que je suis assez critique des enseignements”, raconte Thomas au quotidien. Charline Schmerber, praticienne en psychothérapie, spécialiste des troubles de l’écoanxiété et de la solastalgie, autrement dit la souffrance liée à la perte de son environnement, explique au Monde qu’elle reçoit de plus en plus de jeunes de 19 à 30 ans, surtout depuis la crise du Covid-19 : “La plupart de mes patients traversent une crise existentielle. Une fois qu’ils ont compris les problèmes écologiques, ils se sentent en décalage avec le monde actuel.”