Connu pour son libéralisme et régulièrement qualifié de chantre de l’islam dans la République, Tareq Oubrou, grand imam de Bordeaux, a participé à la marche civique contre l’antisémitisme. La manifestation dupliquée dans plusieurs villes de France a rassemblé quelque 182 000 participants, dont des protestants. Invité du 19/20 de France 3, il explique pourquoi il était important pour lui d’être dans l’un des cortèges, alors que les représentants parisiens du culte musulmans ne les ont pas rejoints.
“Chacun a ses raisons pour participer, d’autres ont d’autres raisons pour ne pas participer”, commente-t-il. Lui estime qu’il était “opportun, significatif et très symbolique que les représentants du culte musulman soient présents dans cette marche, parce que le mot d’ordre donné est celui de la défense des valeurs de la République et la lutte contre l’antisémitisme”, poursuit-il.
“Il n’y a qu’un seul corps : celui de la République”
Tareq Oubrou insiste également sur le fait que “les conditions et les circonstances de cette marche peuvent donner lieu à des chocs d’interprétation et de perception. On ne peut pas découpler cette marche de ce qui se passe actuellement à Gaza. Pour beaucoup de musulmans, manifester dans cette marche est une manière indirecte de trahir une cause qu’ils estiment juste et légitime. Pour ma part, il ne faudrait pas apporter le conflit sur ce territoire et faire une démarcation entre nos postures politiques concernant ce qui se passe au Proche-Orient et le vivre-ensemble et la paix civile ensemble”, complète le grand imam de Bordeaux.
Pour lui, la lutte contre l’antisémitisme est “une lutte contre un mal contagieux qui peut frapper également d’autres communautés. Les musulmans ne sont pas à l’abri du racisme”. Si bien que “lutter pour la cause d’autrui est une manière directe ou indirecte de lutter pour sa propre cause”. Le Bordelais pense qu’il n’y a qu’un seul corps : celui de la République. En manifestant, il a agi pour protéger la société française du racisme et de la violence intra-sociétale.