Les musulmans que nous avons rencontrés sont unanimes: être imam en Suisse ne s’improvise pas. La théologie islamique autant que la culture suisse sont des bagages indispensables pour les responsables religieux exerçant sur le territoire helvétique. Pourtant, il s’agit de deux cursus complémentaires. Se familiariser avec les valeurs du pays sur les bancs des universités suisses, pourquoi pas? Mais la théologie islamique devrait être dispensée par des professionnels musulmans, expliquent en substance les personnes questionnées. Les formations proposées par les Universités de Fribourg et Genève sont globalement vues d’un bon œil. A l’heure où les imams se forment à l’étranger, il est indispensable que ceux-ci maîtrisent le français et soient familiers des lois suisses, parce qu’ils doivent pouvoir les transmettre à la communauté, affirment nos intervenants.

Les bons élèves

Fehim Abazi a sauté sur l’occasion et s’est inscrit au premier module de la formation offerte par l’Université de Genève l’automne dernier. Son objectif: maîtriser la langue française. Depuis quatre ans, il est en Suisse, imam du Centre d’intégration islamique et culturel albanais de Lausanne qui rassemble 200 personnes. Il comprend le français mais il est loin de le parler couramment. L’entretien se déroule d’ailleurs avec l’aide d’un traducteur improvisé. «Maîtriser la langue française, connaître les lois et la culture suisse est essentiel pour communiquer avec les fidèles de la communauté. L’imam doit être un exemple. Je suis reconnaissant envers la Suisse qui m’offre la chance de me former», explique-t-il. Aujourd’hui, le semestre d’hiver est terminé et Fehim Abazi n’a pas rempilé. Son engagement à 100 % pour sa communauté l’en empêche. Il le regrette. Il n’a donc pas croisé Vahid Khoshideh. Ce pharmacien suisse, d’origine iranienne et musulman chiite suit lui aussi la formation à Genève. Il vit en Suisse depuis l’âge de 15 ans et le français n’a plus de secret pour lui. Il a donc commencé les cours au semestre de ce printemps. […]