Significativement, alors que des journalistes me contactent déjà dans le cadre de l’anniversaire de l’assassinat de Samuel Paty (qui est dans une dizaine de jours), aucun d’entre eux ne m’interroge sur le rapport Sauvé (1), concernant la pédocriminalité dans l’Église catholique. Je ne m’en plains certes pas car mon emploi du temps est surchargé. Il me semble, pourtant, que ce dramatique problème soulève une question anthropologique qui concerne la laïcité, et qu’il est significatif qu’un lien en ce sens ne soit pas établi.
Le rapport Sauvé et ses annexes ne sont pas encore publiés, mais de substantiels articles dans plusieurs médias permettent déjà de se rendre compte de l’ampleur du phénomène, … et aussi de l’ampleur de l’enquête que l’Église catholique a diligenté pour le cerner. Et je voudrais commencer par saluer la décision courageuse prise par les évêques d’oser regarder en face une réalité, oh combien désagréable, et d’avoir financé une étude qu’ils rendent publique. Le rapport Sauvé a coûté pas moins de 3 millions d’euros, ce qui a permis d’effectuer des travaux scientifiques menés par des universitaires, spécialistes en sciences humaines et sociales; ceux-ci, pour les aider, ont embauché de jeunes chercheuses et de jeunes chercheurs talentueux.
Cela tranche nettement avec la pratique de l’État et des institutions publiques. J’ai raconté comment le budget très chichiteux de la commission Stasi, de 2003 (2) avait constitué un biais très important nuisant à la qualité et à l’objectivité de son rapport. Beaucoup d’autres institutions auraient à balayer devant leur porte, aussi bien pour ce qui concerne la pédocriminalité (à quand une enquête du même type que la commission Sauvé dans l’Éducation nationale?), que pour ce qui concerne les harcèlements sexuels où l’on dispose de témoignages de victimes, mais jamais d’une étude à ce point financée par l’institution […]