Régime gaullien oblige, l’élection présidentielle est le moment politique par excellence où se concentrent tous les enjeux de pouvoir et s’affrontent tous les romans nationaux. Ce réductionnisme institutionnel favorise les excès, les clivages et les abstentions, mais il est aussi un bon révélateur ! Le mâle blanc, protestant, à moitié suisse, tout à la fois pauvre et cultivé que je suis, vote plutôt centre droit et suit avec intérêt ce qui se passe… y compris le désarroi de mes coreligionnaires de l’autre côté de l’échiquier. Il aura fallu cinq ans de plus, mais le clivage droite/gauche me semble vraiment derrière nous, et « la gauche » se meurt de s’être révélée incapable de mettre en œuvre concrètement dans la durée ses dites valeurs. Plus encore que son arrogance morale et son aveuglement sociologique, je lui en veux d’avoir dévoyé le sens même du politique et sapé sa capacité d’agir. Parfois même, elle trahit la démocratie en anathémisant tels sujet ou candidat.
Les abords lisses d’une Marine (plus préoccupée de l’acceptabilité de son discours que de la mise en œuvre de ses mesures), l’esbroufe geek d’un Mélenchon ou l’épicurisme vieille France d’un Roussel ne font pas oublier leurs relents populistes et autocrates. Qu’Éric Zemmour, à la suite de Marion Maréchal, se confectionne un abrégé d’histoire de France bien catholique, dévoilant ses obsessions et ses failles intellectuelles est une évidence. Mais il pointe aussi du doigt tant de choses tues, tant de bons sentiments surfaits, tant d’idéologies cache-sexe d’impuissance, que son propos fait mouche et que son accession au second tour est envisageable.
La « dame du faire » aurait pu apporter un vent frais à la droite également mal en point. Mais la culture d’autorité qui y règne encore et les inclinations radicales qui prédominent brouillent son discours et n’augurent rien de bon sur sa liberté d’action future. Reste le jeune homme brillant et réceptif à l’air du temps, qui remplit la fonction et a su adapter sa politique à l’épreuve du réel. L’expérience et les larges ralliements actuels lui permettront peut-être des mesures plus structurelles et des lois mieux faites.