Le pasteur n’a pas à faire de la politique, mais il doit avoir une vision du politique… et c’est pourquoi je critique ici et là les idées venant de l’extrême droite. Si je n’ai pas changé d’avis à propos du discours de Marine Le Pen serait-il devenu normalisé, un autre candidat à la présidence présente aujourd’hui une certaine histoire de France. Je pense à Éric Zemmour qui affirme que ni les protestants ni les juifs ne font partie de ses racines. Ce type de discours ne peut pas être passé sous silence.

Il existe dans les Cévennes la Vallée Française. On y trouve une église romane qui fut rendue par Napoléon aux protestants. Elle aurait jadis porté le nom de Franche. Pourquoi ?

Selon la légende, Charlemagne battait un jour en retraite. À la différence de Roncevaux où Roland se sacrifia pour le sauver, les choses se passèrent autrement cette fois – les Cévenols attaquèrent les Sarrasins dans le dos. La récompense fut généreuse. L’Empereur leur octroya libertés et privilèges. Or, les rois de France n’en étaient pas soucieux. Ainsi, un ressentiment s’installa parmi les Cévenols au fur et à mesure du temps qui passait. Puis, quand la Réforme arriva, ils l’adoptèrent en bloc, déçus par les Papes comme par les Rois. Trois siècles de plus passèrent et la vallée prit le nom de Française.

Nous pouvons penser aussi à la cathédrale de Montpellier et à son école épiscopale – la Faculté de médecine qui serait la plus vieille d’Europe et quatrième plus vieille Université en tout. Vraiment ? La fondation des universités dépendait du Pape au Moyen Âge. Il donnait des libertés à certaines écoles en les hissant au rang d’université. Or, l’école de médecine à Montpellier a une histoire plus longue que la fameuse Sorbonne à Paris ! Dès le VIIIe siècle, une école de médecine existe à Lunel qui déménage à Montpellier au XIe siècle et y prospère jusqu’à devenir Université en 1220. Sauf que, pendant tout ce temps, elle était tenue par les Juifs, auxquels on l’arracha !

Si Éric Zemmour est érudit à sa façon, je ne peux que dire pour ma part : « Attention ! » Des problèmes, il y en a. Et on le sait bien. Mais ce n’est pas avec de tels propos diviseurs qu’on les résoudra.