Déménagements, changements familiaux ou professionnels: aujourd’hui, un parcours de vie compte presque inévitablement nombre de mutations. Tout comme le travail a dû s’adapter à un monde où pour ainsi dire plus personne ne fait toute sa carrière dans la même entreprise, le bénévolat et les activités indemnisées font face aux mêmes défis! «Le bénévolat à l’ancienne, où l’on s’engageait localement, proche de sa communauté d’appartenance et pour plusieurs années, tend à disparaître», constate Sandrine Pache, coordinatrice du pôle associatif et bénévolat de l’association Bénévolat Vaud. «C’est un vrai défi en particulier dans le domaine du sport», donne-t-elle comme exemple. «Les jeunes adultes partent et il y a un trou dans la pyramide des âges des clubs. Le monitorat est à la peine.» La rémunération de certaines fonctions assurées autrefois par des bénévoles semble devenir inéluctable.

«Par ailleurs, on est à une époque où les jeunes apprennent peut-être plus que les générations précédentes que leur travail a une valeur monétaire et où l’on valorise un peu moins l’engagement collectif», estime aussi Sandrine Pache. Les chiffres sont toutefois relativement stables. Les Suisses auraient consacré en moyenne 1,5 heure par semaine à du travail bénévole en 2020 contre 1,6 en 2016, selon l’OFS. Une nouvelle étude sur ce thème aura lieu en 2024 et ses résultats seront connus en 2025.

Une solidarité encore vive

«La crise du Covid a été une expérience en grandeur nature», souligne Sandro Cattacin. Chercheur au département de sociologie de l’Université de Genève, il a mené diverses recherches, notamment dans les domaines du bénévolat et des associations de migrants en Suisse. «Malgré l’individualisme, la solidarité informelle s’est mise en place spontanément.»

Si l’engagement formel est en diminution depuis quarante ans, de nouvelles formes d’engagement voient le jour. «Lorsque nous menons des entretiens, les personnes ont tendance à minimiser leurs engagements bénévoles. Elles n’évoquent pas un certain nombre d’activités qui font partie de leur vie, comme le baby-sitting pour des amis ou les courses pour des voisins», évoque le sociologue. «En fait, aujourd’hui, un groupe WhatsApp ou Messenger est l’équivalent fonctionnel d’une association. En beaucoup plus rapide! Au lieu de s’approcher des associations d’immigrés, un jeune Italien qui arrive à Genève pourrait chercher sur Facebook les groupes d’Italiens dans la ville et obtenir toute l’aide dont il peut avoir besoin par ce biais», explique le chercheur. «Mes assistants, par exemple, jouent au basket ensemble. Ils ont un groupe WhatsApp. Ils peuvent même organiser des tournois, ce qui auparavant était impossible sans passer par […]