Les effets des évolutions écologiques et climatiques sur l’agriculture (manque d’eau ou au contraire inondations catastrophiques, pullulation de ravageurs, dégradation des sols, vents violents), croisés avec des facteurs structurels comme le manque de main-d’œuvre agricole, font de l’urgence climatique un enjeu non seulement de température moyenne mais d’urgence alimentaire, à court ou moyen terme selon les pays.

De plus, la température, du fait des augmentations d’humidité atmosphérique attendues dans certaines régions du globe, va rendre des territoires immenses proprement inhabitables parce que la régulation naturelle du corps par la transpiration ne sera physiologiquement plus possible. Il faudrait des millions d’années pour que les organismes vivants s’habituent à ce qui va arriver en seulement quelques décennies.

Des changements majeurs et brutaux

La rapidité des transformations en cours et les effets d’amplification, comme le déclin du Gulf Stream, conduiront à des changements majeurs et brutaux. Comme ils concernent l’alimentation, l’eau et l’habitabilité de la planète, cela va devenir une question de vie ou de mort et donc entraîner de nombreux conflits, très probablement armés.

Il ne s’agit pas d’un scénario catastrophe, mais d’une réalité dont il faut prendre conscience. Fermer les yeux n’évitera pas le désastre, alors que garder les yeux et l’esprit ouverts pour agir nous permettra de nous y préparer et même d’en réduire les effets. De très grands changements sont inéluctables, que nous les choisissions ou que nous les subissions. Or, quand les restrictions sont subies, elles provoquent de la colère. Il est donc urgent de basculer collectivement dans une logique de sobriété choisie. Par amour pour la terre – et pour Dieu qui nous l’a confiée – et par amour pour nos prochains.

Tout n’est pas perdu

C’est le moment de prendre au sérieux cette alternative : « J’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta descendance. » (Deutéronome 30.19). Non, tout n’est pas perdu. Oui, nous pouvons, individuellement et collectivement, changer les choses dès aujourd’hui en réduisant les causes et donc les effets, et en anticipant pour mieux les vivre les conséquences inévitables.
Personne n’aurait l’idée d’arrêter d’aider les plus démunis au motif que nos actions sociales sont des gouttes d’eau dans l’océan des besoins ! Il en va de même en matière d’écologie et de climat.

Comprenons bien que ce sont des changements majeurs que nous devons imaginer, préparer et vivre. Certes, il est nécessaire d’éteindre la lumière des pièces vides et de trier ses déchets – et il faut vraiment le faire ! – mais cela ne suffira pas. Nos manières de nous déplacer, de manger, d’acheter, d’habiter… doivent changer. L’urgence est d’imaginer de nouveaux modes de déplacement, habitudes alimentaires, pratiques d’achats, habitats.

On dit souvent que la crise écologique et climatique est aussi une crise éthique. Elle l’est à plusieurs titres, parce que ses causes sont intimement liées à notre volonté de toute-puissance et notre mépris chronique pour les plus faibles, humains et non-humains. La solution est donc elle aussi, au moins en partie, éthique. Pour faire face à ces changements, le levier majeur sera la solidarité ; or, la solidarité est une véritable expertise du réseau FEP.