En maison d’arrêt, deux ou trois occupants cohabitent « en mode survie », 22 h/24, dans une cellule de 9 m². Mais la seule évocation du mot prison fait réagir. Les avis divergent, tranchés. Entre les défenseurs d’une politique répressive dure et les défenseurs des droits humains, les tensions s’exacerbent et aboutissent parfois à de vrais conflits idéologiques.

L’Église est aussi en prison

La célébration des cultes est pour les personnes présentes, pas forcément croyantes d’ailleurs, une bouffée d’oxygène permettant aussi d’oublier les conditions de détention, les humiliations, les angoisses d’un procès à venir ou le temps long après une condamnation. Lors des cultes, le partage communautaire prend une saveur toute particulière. Pour Patricia, « ce sont des moments où les murs sont repoussés, où une certaine fraternité se construit et où une normalité est retrouvée. Après tout, quand on chante ensemble ou quand on prie en se tenant les mains, y a-t-il encore une différence entre personne libre et personne détenue ? ».

L’aumônier vient également rencontrer la personne détenue à sa demande, dans sa cellule. Là, se joue une relation de cœur à cœur. Le dialogue s’installe et le ressenti s’exprime. Dans le silence ou le flot de mots, parfois violents, s’ouvre un espace fécond. La parole dite et surtout écoutée offre, avec le temps, une libération intérieure, une forme de résurrection.

L’aumônier, un atout certain

Laurent Ridel, inspecteur général de la Justice et ancien directeur de l’Administration pénitentiaire, considère le rôle des aumôniers en détention comme « incontournable. En marge de l’apport religieux, ils contribuent à rassurer les détenus, à les pacifier, à apporter un accompagnement plus doux, un « supplément d’âme », enraciné dans leur quotidien. C’est l’un des seuls lieux où le détenu ne se sent pas jugé mais peut aller de l’avant dans sa vie. Parmi les facteurs de sortie de la récidive se trouvent l’âge, une présence bienveillante mais aussi l’apprentissage du bien/mal et du respect de l’autre. Par sa présence responsabilisante, l’aumônier peut contribuer à favoriser ce chemin, surtout si le détenu entreprend une démarche spirituelle réelle. »

Ministère de l’ombre, l’accompagnement spirituel et moral des personnes en détention transforme des vies. L’Esprit est à l’œuvre. L’aumônier chrétien n’est qu’un facilitateur. Sa présence soulage, libère et témoigne d’une fraternité qui dépasse les actes commis. Il devient passeur de sens, de vie et d’espérance.