La forme actuelle du financement participatif existe depuis les années 2000 et la démocratisation d’Internet. Les premières plateformes françaises sont nées en 2008 et, depuis, le rythme de leur développement est soutenu. Ainsi, Financement participatif France, l’association professionnelle des acteurs du crowdfunding en France, qui fédère cent cinquante membres dont soixante-dix plateformes de financement participatif, a enregistré une augmentation de 20 % de fonds collectés en 2018 (1).

Le crowdfunding (littéralement « financement par la foule ») offre la possibilité aujourd’hui de récolter des petites sommes grâce à de nombreux contributeurs, une alternative au système bancaire traditionnel pour les particuliers, les associations et les entreprises. Mais le principe est loin d’être nouveau. Ce qu’on appelait alors la souscription a ainsi permis, pour prendre un exemple très connu, de financer la statue de la Liberté, à partir de 1875, grâce à la participation de milliers de contributeurs français et américains. Les ONG, par leur collecte de dons, se fondent sur le même modèle. Mais le développement du financement participatif « trouve son ancrage dans les évolutions profondes de la société, à l’instar de l’économie dite collaborative », selon Financement participatif France. Les particuliers rechercheraient aujourd’hui l’accessibilité, la traçabilité et la transparence. Et pour les porteurs de projet, Internet permet d’atteindre une cible plus grande et d’élargir son cercle. Des plateformes se sont ainsi spécialisées dans les projets associatifs, humanitaires ou d’économie sociale et solidaire, comme HelloAsso, GoFundMe ou Goodeed et, en partie, Leetchi.

Un levier pour le monde économique

Il existe aussi trois types de plateformes participatives de financement : par dons, par prêts et en capital. Dans son dernier rapport annuel (2), Financement participatif France fait état d’un baromètre du crowdfunding en France. Sur les 402 millions récoltés via le crowdfunding en 2018, le don, l’action levier du secteur solidaire, ne représente que 81 millions d’euros en 2018 (en baisse de 2 %), contre 273 millions d’euros pour les prêts (+ 40 %) et 47 millions pour les investissements (- 19 %). Car, présenté d’abord comme une nouvelle forme de solidarité, le financement participatif ne recouvre pas que des aspects philanthropiques. Sur ces 402 millions d’euros collectés, c’est le domaine économique qui se taille la part du lion avec 343 millions, loin devant le secteur culturel (41 millions) et le secteur social, en dernière position (17 millions). Si bien que les canaux traditionnels de financement s’intéressent de près à ces acteurs alternatifs. Ainsi, la plateforme généraliste KissKissBankBank est devenue, en 2017, une filiale de la Banque postale qui a racheté également Hellomerci, spécialisé dans le prêt entre particuliers, et Lendopolis, qui met en relation les entreprises françaises et les particuliers désirant investir dans l’immobilier et l’énergie renouvelable.

Des critiques voient le jour

Même si le secteur social et humanitaire bénéficie de cet outil 2.0, certaines critiques apparaissent au fil des années. Des plateformes proposent de participer à un projet humanitaire, simplement en regardant une publicité ou en s’associant à un moteur de recherche. Le site d’information Slate.fr explique ainsi comment ce mode opératoire permet aux annonceurs de proposer davantage de publicités ciblées et parfois, de récolter les données personnelles (3). D’autres acteurs du secteur solidaire dénoncent une vision consumériste de l’aide humanitaire, qui réduit les gens que l’on veut aider à une image caricaturale ou floue, oublie des causes ou bien ramène les enjeux humanitaires à une somme d’actions simples.

(1) financeparticipative.org
(2) financeparticipative.org/barometre-crowdfunding-france-2018
(3) 3 www.slate.fr/story/104852/don-gratuit-publicite-humanitaire