Après l’échec de la première mouture, qui n’aura duré que quelques heures, Sébastien Lecornu entend bien inscrire son gouvernement dans la durée. Une opération rendue délicate par le choix des Républicains de rompre leur pacte de gouvernement avec la macronie. LR s’est en effet engagé à prendre des décisions texte par texte et ne s’interdit pas d’appuyer sur le bouton de la censure.

Marine Le Pen a confirmé sur X son intention de déposer une motion de censure dès lundi, lors du congrès des sapeurs-pompiers au Mans le 10 octobre 2025. Une intention qui, sans surprise, est également partagée par les Insoumis. Le groupe socialiste, avec ses soixante-neuf députés, reste le seul capable de maintenir ce gouvernement à flot, ne s’étant pour le moment pas engagé à le censurer dès cette semaine. Cependant, il a déjà fixé des conditions strictes. “Sans mesures immédiates pour protéger le pouvoir d’achat et la suspension complète de la réforme des retraites, nous voterons la censure”, a-t-il averti.

Le pari de la société civile

Le Premier ministre a, cette fois-ci, fait le pari de nommer plusieurs personnalités extérieures au monde politique. Huit membres de la société civile rejoignent l’exécutif. Laurent Nuñez, ancien préfet de Paris, prend les rênes du ministère de l’Intérieur, succédant à Bruno Retailleau. Jean-Pierre Farandou, ex-dirigeant de la SNCF, devient ministre du Travail, tandis que Monique Barbut, ancienne présidente du WWF France, est nommée à la Transition écologique. Édouard Geffray est chargé de l’Éducation, et Serge Papin, ancien PDG de Système U, s’occupera des PME.

Cette configuration traduit un tournant, avec une équipe marquée par une forte représentation de profils issus du secteur privé et associatif. Cette ouverture vers la société civile illustre la volonté de Sébastien Lecornu de renouveler les pratiques gouvernementales et d’apporter des compétences concrètes à des postes clés. Les différents profils n’étant pas issus du monde politique ne devraient pas provoquer une réticence particulière de la part du PS ou de LR, comme cela avait été le cas la semaine dernière avec le retour de Bruno Le Maire au gouvernement, marquant une ligne rouge pour le parti de droite.