Une opération de linguistique publique ratée (puisque l’usage du le est aujourd’hui ultra-majoritaire) qui en dit long sur «l’état du langage et de qui nous le met dans la bouche: la société, l’État ou les médias?»
Article publié dans le n°2021/4 de Foi&Vie.
C’est un jeu idiot auquel nous sommes peut-être un certain nombre à nous livrer depuis la fin du printemps 2020 et qui égaye un peu les sinistres années de pandémie: deviner si quelqu’un va dire le Covid ou la Covid. Cela n’a heureusement pas encore les conséquences qu’a pu avoir la prononciation de siboleth ou shiboleth (1) mais dans un pays doté d’une langue aussi stratifiée socialement que le français et où certains rêvent de guerre civile en se rasant le matin devant leur miroir, il ne faudrait pas jouer avec le feu. Nous ne prendrons donc pas parti quoiqu’il nous en coûte et nous tenterons seulement dans ce très court article de démêler ce que cette distinction nous dit aujourd’hui de l’état du langage et de qui nous le met dans la bouche: la société, l’État ou les médias?
La première conclusion intuitive à laquelle on peut arriver par une observation aléatoire de terrain est que, à la différence d’autres débats causés par la pandémie (le port du masque, la vaccination, le passe sanitaire…) où il est très difficile de deviner quel est le camp choisi à partir du milieu d’origine, professionnel ou d’identification, nous avons ici des choix beaucoup plus […]