Avec un peu de méthode et en travaillant simultanément sur trois axes – la stratégie, l’expertise et l’influence politique –, le plaidoyer est à la portée de toutes les associations.

Établir des priorités

Mon premier conseil : bien définir ses objectifs, et accepter qu’on ne puisse pas être sur tous les fronts. Pour être efficace, mieux vaut établir des priorités et faire des choix. Il est utile également de réfléchir à une « théorie du changement », c’est-à-dire se doter d’une vision – par nature hypothétique – des étapes qui séparent la situation actuelle du changement que vous visez. Cela vous aidera à définir un plan d’action pertinent.

Ensuite, attendez-vous à un rapport paradoxal au temps. D’un côté, il faut s’inscrire dans le long terme car le vrai changement est long, voire très long. En même temps, il est nécessaire de s’adapter au rythme de l’actualité, de savoir saisir les accélérations rapides et de reconnaître quand s’ouvre une « fenêtre d’opportunité ». L’enjeu consiste donc à planifier et anticiper ce qui est prévisible tout en demeurant agile et réactif, capable de réajuster ses projets si besoin.

Mettre à l’agenda

Contrairement aux idées reçues, le plaidoyer ne se limite pas – loin de là – à des actions d’influence ciblant des parlementaires pendant l’examen d’un projet de loi. Certes, le parcours d’une loi commence en Conseil des ministres, fait la navette entre l’Assemblée nationale et le Sénat, avant d’être mis en œuvre grâce à des décrets d’application, et les associations peuvent exprimer leur voix à chacune de ces étapes. Cependant, le plaidoyer s’intéresse aussi, et même surtout, à ce qui se passe en amont et en aval d’un projet de loi. La fabrique des décisions publiques est cyclique : la mise à l’agenda (où l’on cherche à attirer l’attention des médias et des décideurs publics) précède les réformes, elles-mêmes suivies par des phases de mise en œuvre qui réenclenchent souvent un cycle. Le cœur du plaidoyer consiste à porter des causes et des solutions tout au long de ce cycle.

Connaître ses dossiers

Pour convaincre les décideurs publics et dialoguer avec eux, bien connaître ses dossiers est le meilleur moyen d’être perçu comme un interlocuteur crédible. Le plaidoyer nécessite de l’expertise et une capacité à la décliner en messages et recommandations, avec différents niveaux de langage et supports selon les cibles que vous cherchez à influencer.

Si vous démarrez, commencez par cartographier votre environnement. Quelle est la chaîne de décision que vous voulez influencer ? Qui sont les décideurs à cibler ? Quels sont les autres acteurs actifs sur ce sujet, et sont-ils vos alliés potentiels ou plutôt vos adversaires ?

Une bonne porte d’entrée consiste à lire les rapports institutionnels publiés récemment sur le sujet qui vous intéresse : ils synthétisent souvent l’état du débat, et formulent des préconisations qui servent de bases de discussion à de prochaines réformes.

Il existe beaucoup d’outils à votre disposition pour vous accompagner dans l’élaboration de votre stratégie de plaidoyer. Mais rien ne remplacera l’expérience : c’est en plaidant que l’on devient plaideur. Alors, à vous de jouer !