Depuis six semaines, Emmanuel Macron n’a toujours pas nommé de nouveau Premier ministre. Mardi 20 août, Gabriel Attal a laissé, à l’intention de son successeur, un projet de budget 2025. Le chef du gouvernement démissionnaire propose l’exacte reconduction du total des crédits, tout en laissant à la personne qui le remplacera la possibilité d’y mettre sa patte politique, rapporte La Croix. Cela “permet à la France de se doter d’un budget en temps et en heure”, et « également au prochain gouvernement de faire ses propres choix sur la base de ce qui a été préparé et transmis aux ministères”, ont expliqué les services du Premier ministre.
La démarche a “un objectif républicain”, celui “d’assurer la continuité de l’État”, ont-ils ajouté. En effet, les délais incompressibles de la confection d’un budget font qu’en l’absence d’un nouveau Premier ministre, Gabriel Attal a décidé d’avancer le travail. Le projet de loi de Finances (PLF) doit être déposé au Parlement le 1er octobre, après toute une série d’examens et avis en septembre. Le Haut conseil des Finances publiques, le Conseil d’État, mais également celui des ministres se pencheront sur le projet le mois prochain, avant la discussion à l’Assemblée nationale puis au Sénat.
“Budget réversible”
Autre étape clé : la publication impérative de la loi de Finances avant le 1er janvier suivant. Avec “ce budget réversible”, le Premier ministre “va au bout de son devoir en évitant le ‘mur’ budgétaire”, commente Matignon avant d’évoquer “un respect absolu des urnes”. Ce choix semble aller dans le sens du souhait du président de la République de voir se constituer “une majorité la plus large et la plus stable possible au service du pays”.
En 2024, il y avait 492 milliards d’euros de crédits dans le budget 2024 ; il y en a autant dans les lettres plafonds envoyées mardi aux services des ministères, qui vont commencer à travailler dessus. Les répartitions sont en revanche légèrement différentes, puisque des crédits ont été rognés pour tenir compte de la baisse du chômage ou pour réduire la prise en charge de l’apprentissage.
“Un objectif de responsabilité”
La reconduction à l’identique des crédits totaux aboutit selon Matignon à une économie réelle de quelque 10 milliards d’euros par rapport à un budget qui aurait répercuté 2 % d’inflation. Bruno Le Maire, le ministre des Finances, avait transmis des crédits de 487 milliards, dans le but d’augmenter les chances d’avoir un déficit public (solde des comptes de l’État, de la Sécurité sociale et des collectivités locales) qui revienne bien à 3 % du PIB en 2027.
Sous le coup d’une procédure de déficit excessif de la part de Bruxelles, la France s’y est engagée. Mais Bercy ne souhaite pas se formaliser de la reconduction du budget de 2024. “Chacun est dans son rôle, le plus important c’est que le gouvernement avance pour permettre au prochain de finaliser son budget”, précise-t-on du côté de Bercy. À Matignon, on insiste sur le fait qu’avec 492 milliards, les lettres plafonds ont “un objectif de responsabilité” en matière de finances publiques.