Ce qui explique que pour lui, «tout travail, si méprisé ou si petit soit-il, est bon devant Dieu» et que tout être humain est «appelé à travailler avec une visée d’utilité et de bonne gestion des biens non seulement pour lui-même, mais pour toute la société». Cette «lieutenance» de la terre qu’il nous a confiée entraîne donc une responsabilité puisque «la richesse du lieutenant n’est pas pour lui-même: «Car es-tu riche? Ce n’est point pour tes beaux yeux»».
Calvin prend acte de la part considérable que le travail, ainsi compris, occupe dans l’existence: «Car tous ceux que le Seigneur a adoptés et reçus en la compagnie de ses enfants, se doivent préparer à une vie dure, laborieuse, pleine de travail et d’infinis genres de maux» (1). Les maux et les peines ne sont qu’une conséquence d’un devoir de s’engager sans limite à la suite du Christ, «portant patiemment sa croix», ainsi que ce chapitre de l’Institution est intitulé. Christ lui-même n’a pas été ménagé dans sa souffrance et s’est engagé sans limite pour sa mission. La recherche de la conformité à Jésus-Christ impliquera donc pour le croyant le même engagement, mais dans le travail, toujours défini au sens large d’activités productrices d’utilité sociale. Ici se révèle un trait propre à l’interprétation du travail de Jean Calvin: le travail, qui aurait pu […]