Comme Mathilde, ils sont très nombreux, ces jeunes adultes, à avoir abandonné l’idée même de circuler en voiture et à limiter leurs déplacements en transports en commun. Ils n’ont plus qu’un mot en tête : le vélo. Avec l’attirail indispensable, dont le précieux casque, et de plus en plus, ces étranges remorques pour transporter leurs petits.

Un phénomène de mode

Pour répondre à cette demande croissante ou par conviction idéologique, les élus ont bien compris la nécessité d’équiper en pistes cyclables les rues et routes de leurs agglomérations. Un cercle vertueux se met alors en place : davantage d’espaces sécurisés, c’est davantage de citoyens qui se lancent, moins frileux face aux risques…

En quelques années, le phénomène a pris une ampleur sans précédent dans les grandes agglomérations et les villes de taille moyenne. Le vélo est ainsi devenu un objet « à la mode », avec des marques « made in France », gages de qualité et de durabilité. Il est aussi un succès de librairie avec quantité de guides, dédiés aux femmes, aux circuits touristiques, aux bons plans… Stein van Oosteren, attaché à l’ambassade des Pays-Bas à Paris, s’est ainsi créé une jolie notoriété à travers de courtes vidéos et des ouvrages souvent humoristiques qui louent les avantages du deux-roues. Son objectif : encourager encore et toujours un changement radical des pratiques.

Le climat mais aussi la santé

Si la motivation demeure avant tout écologique, l’atout santé plaide également en faveur de ce moyen de locomotion, vieux comme le XIXe siècle. Ainsi Florence, soixante et un ans, a-t-elle retrouvé une meilleure forme depuis qu’elle a laissé sa voiture au garage au profit d’un vélo électrique. « Je respire mieux, je ne suis plus essoufflée au moindre effort, j’ai moins mal aux genoux, j’ai perdu de la graisse et gagné du muscle », raconte-t-elle, enchantée. Parce que le vélo à assistance électrique, selon la terminologie officielle, requiert moins d’efforts, il a remis en selle des individus de tranches d’âge plus élevées, qui avaient abandonné le vélo depuis longtemps.

Pourtant, ces citoyens restent des pionniers. Selon une enquête de l’Insee, si l’usage du vélo a gagné 0,9 point depuis 2015 pour atteindre 4 % des modes de déplacement domicile/travail, il reste loin derrière la marche (6,4 %), les transports en commun (16 %) et… la voiture (72,8 %) ! À cet égard, les Français figurent plutôt en queue de peloton des Européens, loin derrière les Néerlandais (36 %), les Danois (23 %) et, plus étonnant, les Hongrois (22 %).

La marge de manœuvre est donc importante et nombre d’associations, réunies au sein de la Fédération européenne des cyclistes, militent en ce sens. L’organisme cherche à convaincre les institutions européennes de financer des aménagements ou de voter des lois favorisant les déplacements à bicyclette. Au niveau local, des structures innovantes créent des ateliers de réparation, des cafés-vélos ou des circuits touristiques. Car il n’y a rien de plus agréable pour découvrir une région que de pédaler à son rythme…

Ludique, bon pour le climat, la sociabilité et la santé, le vélo apparaît aussi comme un vrai outil d’inclusion. L’association cyclAvenir, qui enseigne sa pratique à des femmes en situation de précarité, en est convaincue : en apprenant à pédaler, on retrouve confiance en soi et une forme de liberté !