Encore un coup des écolos, de ces prophètes de malheur du GIEC1 , qui veulent nous priver de progrès, nous faire culpabiliser et nous faire vivre une austérité permanente ? Pas tout à fait, éco-frugalité fait rimer écologie avec vie, et même avec ravis !
Pour mieux comprendre, prenons les choses à la racine. « Éco », du grec oikos, est l’administration d’une maison, notre maison commune, la Terre, mais aussi notre maison-foyer, notre espace individuel. Jouons donc à la fois petit, local, pour des conséquences globales, mondiales. « Frugalité » évoque une sobriété, une simplicité qui peut tendre vers l’ascétisme, voire l’austérité. Pourtant, en latin, frugalitas veut aussi dire « récolte de fruits ». Et quoi de plus savoureux qu’un fruit, simple, sucré, doux, juteux, bon pour la santé ? Dans la Bible, combien de fois la métaphore du fruit est utilisée pour symboliser quelque chose de bon !
La sobriété heureuse
L’éco-frugalité est la sobriété heureuse ; l’idée que l’on peut vivre avec moins, et que c’est peut-être mieux. C’est une invitation à goûter le sucré. Pas le sucre qui rend obèse, malade et dépendant, mais le sucre doux et léger du fruit.
C’est en hommes et femmes libres et joyeux que les chrétiens sont appelés à vivre, non pas en esclaves d’une société de consommation qui nous pousse à vouloir toujours plus, toujours plus vite, toujours mieux. Elle nous emmène fatalement vers un temps vide, une vie encombrée d’objets, saturée de stimulations, une vie sans qualité ni présence. Elle nous inocule une culpabilité qui nous paralyse et nous empêche d’agir pour un monde meilleur.
Nous savons que ce monde est imparfait, comme l’homme est imparfait, mais en Dieu nous trouvons la force et le discernement pour choisir ce qui est essentiel, porteur de vie. Et, comme Jésus, c’est ici-bas que nous sommes appelés à opérer cette transformation intérieure, y compris dans notre consommation et notre économie de foyer, de communauté, de pays.
Écologie rime avec économies
Les enjeux écologiques aussi peuvent susciter un sentiment de culpabilité : nous sommes pétrifiés, complètement dépassés par des événements sur lesquels nous pensons n’avoir aucune prise. L’éco-frugalité est une invitation à faire le premier pas, si petit soit-il, et à le faire avec plaisir. Il peut être bon, à la fois pour la planète, notre maison commune, mais aussi pour nous même et l’économie de notre logis. On peut être écolo et économe !
Si vous êtes à court d’idées, je vous conseille le Guide écofrugal de Philippe Green2 et ses quatre-vingt-dix-neuf fiches pratiques pour allier économies et écologie et améliorer votre qualité de vie. En réduisant notre impact environnemental, nous faisons des économies et créons des emplois. Quel beau cercle vertueux !
Les petits gestes pratiques ne s’opposent pas aux grandes actions communes, aux choix d’orientation que doivent drastiquement prendre nos États et collectivités. Ils nous mettent en route, chaque pas appelant le suivant.
Quel sera votre premier pas ou, si vous avez déjà pris le départ, quel sera le suivant ? Dans tous les cas, gardez toujours bien en bouche le goût de ces bons fruits que vous cueillerez sur le chemin !
Par Élisabeth Mesnil, ancienne salariée du Diaconat protestant de Nantes, engagée dans une démarche de conversion écologique
1 Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.
2 Philippe Green, Guide écofrugal, solutions économiques et écologiques, Écofrugal project, 2012.
Astuces
Installer sur son robinet un économiseur d’eau réduit la facture d’une famille de quatre personnes de quatre cents euros par an, en moyenne. Déposer quelques pierres ou bouteilles d’eau pleines à l’intérieur de la chasse d’eau, pour en réduire la contenance, assure une économie de cinquante euros par an.