L’organisation d’une mobilisation nécessite une logistique précise, ce que semble ignorer Patrick Martin, le président du Medef. Connaître la date, l’heure, le lieu et consulter ses pairs semble être des critères essentiels avant d’annoncer « un énorme meeting » dans la presse. Pas pour Patrick Martin. Lors de l’événement BIG, organisé par la banque publique d’investissement Bpifrance, le leader du Medef avait lancé : « Nous organiserons, toutes organisations patronales confondues, un énorme meeting dans quelques jours pour dire positivement, joyeusement, ce que nous sommes et ce que nous sommes fiers d’être », rapporte l’AFP citée par le Figaro. L’objectif consiste à contrer « certaines théories dangereuses pour nos entreprises », tout en ciblant la taxe Zucman, qui consisterait à taxer à hauteur de 2 % par an le patrimoine, y compris professionnel, des 1 800 Français les plus riches. Interrogé sur la date, l’heure et le lieu, il n’a donné aucun détail ou information supplémentaire.
Plus d’une semaine avant, il avait posé un ultimatum dans les colonnes du Parisien : « Si les impôts augmentent, il y aura une grande mobilisation patronale ». Ce mardi 23 septembre, l’annonce est officielle, mais surprend grandement ses pairs, qui n’ont pas été consultés en amont. L’U2P (entreprise de proximité), la troisième organisation patronale, n’y participera pas. Par la voix de son président, Michel Picon, le syndicat déclare qu’il s’agit d’une « erreur magistrale : ce n’est pas le moment, il ne faut pas donner l’impression que le monde de l’entreprise est opposé à celui du travail ». Sur la forme, il reproche au patron du Medef de n’avoir pas « pris soin que ses partenaires ne découvrent pas cette annonce dans la presse» avant de continuer : « c’est ralliez-vous à mon panache blanc ».
Un rendez-vous à Matignon ce mercredi
Quant à la deuxième organisation représentative des entreprises, la CPME, elle n’a pas donné de précisions sur l’événement. Amir Reza-Tofighi, président du syndicat, estime prudemment : « Nous ne souhaitons pas ajouter de la tension à la tension actuelle, mais nous avons des discussions pour qu’en fonction des arbitrages budgétaires qui seront pris, il y ait une prise de parole forte et collective des organisations patronales ». Comme Patrick Martin, il confirme « qu’il y a actuellement une colère des chefs d’entreprise qui ont l’impression d’être caricaturés dans le débat public », cite le Figaro.
Les trois présidents des syndicats patronaux sont attendus ce mercredi après-midi à Matignon, pour un rendez-vous avec le Premier ministre. L’intersyndicale composée de la CFDT, la CGT, FO, la CFTC, CFE-CGC, UNSA, FSU et Solidaires sera également reçue. De son côté, Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, demande sur TF1 à ce que le patronat arrête de « pleurnicher ». Cela même alors que « les dividendes atteignent des records en France » et que « les résultats du CAC40 sont florissants », conclut-elle.