À l’approche de la rentrée, l’association Unapei (Union nationale des associations de parents d’enfants inadaptés) interpelle : des milliers d’enfants atteints d’un handicap intellectuel ou cognitif ne seront scolarisés à la rentrée que « quelques heures par semaine, voire pas du tout ». Pour la fédération d’associations de parents, les élèves porteurs de ce type de handicap « sont les invisibles, les oubliés » et « leurs droits sont toujours bafoués » comme le dénonce un communiqué.
20 minutes rapporte que l’Unapei a mené une étude auprès de 7 949 enfants ou adolescents en situation de handicap, accompagnés par ses antennes locales dans toute la France. 18% d’entre eux n’ont « aucune heure de scolarisation par semaine », 33 % ont entre zéro et six heures, 22 % entre six et douze heures et seulement 27 % ont au moins douze heures d’enseignement hebdomadaires.
Lourdeurs administratives et refus
Beaucoup d’enfants atteints de handicap et scolarisés se retrouvent dans une classe non adaptée à leurs besoins, selon l’Unapei. Le Point identifie le cas de Noah, huit ans, atteint de troubles autistiques. Ses parents ont attendu quatre ans pour lui obtenir une place en classe Ulis, qui octroie un accompagnement spécialisé à l’école. Mais par manque de place, Noah entrera en CE1 en septembre dans une école sans aucun dispositif.
D’autres parents dénoncent de grandes difficultés administratives pour tenter d’obtenir une place en classe Ulis. Caroline a par exemple dû faire un recours en mai 2023 pour son fils de huit ans, après avoir essuyé un refus. Pour la rentrée, elle ne sait pas encore où son fils pourra être scolarisé, malgré ses troubles de l’attention.
L’Unapei a recueilli 800 témoignages de famille sur un site dédié, concernant les difficultés de la rentrée. Certains sont à la maison toute la journée sans solution adaptée à leur handicap, car ils vivent dans des départements en tension où les places en classe adaptée sont rares. D’autres ont une solution qui n’est pas adaptée à leur situation, en raison d’un manque de place dans les IME (instituts médico-éducatifs), où les enfants sont encadrés dans un espace entièrement dédié au handicap.
Des élèves maltraités ?
Rue89 Strasbourg se fait l’écho de ce manque d’adaptation au handicap et enquête sur les classes Ulis. Selon les professeurs interrogés, certains élèves en classe Ulis ont davantage le profil IME, et ont un handicap trop lourd pour être à l’école. Plusieurs d’entre eux hurlent, frappent, se mettent en danger. L’école devient synonyme de maltraitance pour ces enfants.
Or, le nombre d’élèves en situation de handicap ne cesse de croître en France. Il a bondi de 202% entre 2005 et 2020, dans les établissements scolaires ordinaires. Le gouvernement a alors ouvert un grand nombre de classes Ulis mais les IME ont perdu des places, car les personnes prises en charge restent souvent après leurs 18 ans.
Face au constat de l’Adapei, la ministre déléguée aux Personnes handicapées, Fadila Khattabi, a assuré que l’école pour tous était « une priorité du gouvernement » et que la « présence des professionnels du médico-social dans les murs de l’école » allait être renforcée.
Le gouvernement a également annoncé, fin avril, lors de la conférence nationale du handicap, un projet pilote de développement d’instituts médico-éducatifs au sein d’écoles. Mais les associations parentales craignent de simples effets d’annonce…