Chaque année, la Fondation Abbé Pierre rédige un rapport sur le mal-logement en France. L’édition 2023, publiée mardi 31 janvier, aborde cette question sous un nouvel angle : celui du genre. Il en ressort que les femmes, dont les revenus sont généralement inférieurs à ceux des hommes, sont davantage concernées. Les femmes seules, surtout les plus âgées ou avec des enfants, sont même les premières victimes du mal-logement, rapporte Le Monde.
Le rapport précise que 40% des femmes seules avec un enfant occupent un logement inadapté, contre 20% des Français en moyenne. Une part qui grimpe à 59% dans le cas des mères de trois enfants ou plus. “Il y a dix ou vingt ans, les mères à la rue avec des enfants étaient rapidement prises en charge. C’est beaucoup plus compliqué aujourd’hui, faute de places”, précise au quotidien Manuel Domergue, le directeur des études de la fondation.
Manque d’hébergements d’urgence
Il apparaît également que les mères célibataires ont plus de mal que les autres à louer un logement dans le parc privé. Dans le parc social, elles sont en revanche un peu plus nombreuses que les autres familles. Elles obtiennent 29% des appartements, alors que les dossiers qu’elles déposent équivalent à 25% des demandes.
Les femmes victimes de violences intrafamiliales ne sont pas épargnées. La Fondation Abbé Pierre estime que 40% des demandes d’hébergement d’urgence n’aboutissent pas. “Quand elles obtiennent une place, c’est à 80% dans les dispositifs ordinaires, sans accompagnement spécifique”, complète Manuel Domergue.
Les veuves pas épargnées
Même une banale séparation augmente le risque de précarité pour les femmes, selon le rapport. Les inégalités salariales, les emplois à temps partiel pèsent lourd dans ces moments de la vie. Qui plus est, seules 54% des femmes sont propriétaires de leur logement à parts égales de leur mari, chiffre Le Monde. Ces éléments mis bout à bout font que l’écart de patrimoine entre hommes et femmes se creuse. Au sein de l’Union européenne, la France détient même le triste record des taux les plus élevés. Alors que l’écart était de 9% en 1995, il avait atteint 16% en 2015.
Un décès participe aussi à la fragilisation financière des femmes âgées, indique Le Parisien à qui la fondation souligne que 11,7% des veuves étaient pauvres en 2021, contre 3,7% des veufs. Si bien que 7% d’entre elles vivent dans “une absence de confort sanitaire de base”, c’est-à-dire d’un chauffage central, des toilettes à l’intérieur de leur logement ou bien encore d’une salle de bains équipée d’une baignoire ou d’une douche, etc.
“Plus de logements sociaux”
Dans le cas des jeunes femmes, d’autres inégalités peuvent les faire basculer dans la précarité et le mal-logement. La fondation estime qu’elles quittent souvent leurs parents plus tôt que les garçons et se retrouvent parfois en situation de dépendance d’un conjoint.
Face à ce constat, Christophe Robert, délégué général, répète ce que la Fondation Abbé Pierre réclame depuis des années : “Construisons plus de logements sociaux, et de logements très sociaux, et allons plus loin dans l’encadrement des loyers !”. Un message également relayé par d’autres associations.