Le phénomène est observé partout dans le monde. Les femmes sont confrontées à la désinformation genrée, qui nuit à leur réputation, à leur crédibilité et à leur carrière. Les exemples concernant des femmes célèbres sont nombreux. Des photomontages montrant la Première dame d’Ukraine bronzant seins nus, faux sous-titres vidéo accusant des féministes pakistanaises de “blasphème”, images diffusées au ralenti pour faire croire à l’ivresse de femmes politiques, liste Notre temps. Mais les inconnues en font aussi les frais.

Des chercheurs expliquent que la désinformation genrée, une combinaison de mensonges en ligne, de sexisme et de misogynie, n’épargne personne. Souvent à connotation sexuelle, elle touche cependant plus particulièrement les femmes occupant “des postes de pouvoir”, précise Maria Giovanna Sessa, chercheuse à l’ONG EU DisinfoLab. De ces attaques découlent souvent la violence politique, la haine et la dissuasion des jeunes femmes d’envisager une carrière politique”, écrit Lucina Di Meco, experte en égalité des sexes, dans une étude intitulée “Monétisation de la misogynie”.

Pas assez intelligentes

Des arguments sont régulièrement utilisés dans le but de discréditer les femmes et de les réduire au silence, poursuit le mensuel Celles-ci sont décrites comme étant peu fiables, trop émotives ou encore aux mœurs bien trop légères pour exercer une fonction officielle. Des mensonges qui renforcent les stéréotypes selon lesquels les femmes ne seraient pas assez intelligentes ou efficaces. Ceux-ci déclenchent également des réactions en chaîne. Par exemple, il a été écrit (à tort) qu’une tireuse sportive égyptienne avait été exclue des Jeux olympiques de Tokyo parce qu’elle avait tiré sur un arbitre. Les commentaires interrogeant sur la capacité des femmes à pratiquer de telles activités sportives ont plu.

Les chercheurs insistent également sur le fait que certains États autocratiques, dont la Russie, utilisent la désinformation genrée pour disposer d’une influence à l’étranger. « Lorsque des dirigeants autocratiques sont au pouvoir, la désinformation sexiste est souvent utilisée par des acteurs alignés sur l’État pour s’en prendre aux dirigeantes de l’opposition, ainsi qu’aux droits des femmes”, illustre un rapport publié par Lucina Di Meco.

Facebook, une caisse de résonance

En 2020, des dizaines de législateurs américains et internationaux ont écrit à Facebook, en accusant le réseau social de servir de caisse de résonance aux contenus mensongers et haineux ciblant les femmes. Facebook a reconnu que les abus en ligne à l’encontre des femmes étaient un “problème grave” et s’est engagé à collaborer avec les décideurs politiques pour répondre à leurs préoccupations.