La publicité pour l’alcool est de plus en plus présente sur les réseaux sociaux. Dans un rapport détaillé publié le jeudi 26 septembre, Addictions France alerte sur un « nouveau Far West » où aucune régulation efficace n’est appliquée. Entre juin 2021 et janvier 2024, cette association, qui œuvre pour la prévention des addictions, a identifié plus de 11 300 contenus de ce type sur Instagram et TikTok, publiés par près de 500 influenceurs et représentant 800 marques. Selon l’association, cela ne constitue qu’une « partie émergée de l’iceberg » et estime que ce chiffre est largement sous-évalué.

Sur ces médias, qui ont connu une immense popularité ces dernières années, les marques peuvent « repousser les frontières de la créativité pour concevoir des concepts publicitaires attractifs au design raffiné », note le rapport. Parmi les marques les plus visibles, on retrouve Ricard, Heineken ou encore Aperol Spritz, qui créent des contenus séduisants en liant l’alcool à des thématiques telles que la convivialité, les fêtes, les vacances et la mode. Selon ce même rapport, environ 80 % des adolescents voient des publicités pour de l’alcool chaque semaine sur leur téléphone. L’objectif ? S’assurer plus de consommateurs pour demain.

Une nouvelle loi réclamée

« L’alcool est un enjeu de société ; il est impliqué dans un féminicide sur deux et dans 30 à 40 % des cas de condamnations pour violence. Nous ne pouvons plus prétendre que le marketing des grandes entreprises de l’alcool n’a pas d’impact », a déclaré Myriam Savy, directrice du plaidoyer d’Addictions France. Elle a ajouté : « Sans stigmatiser ce produit, nous appelons le gouvernement et le Parlement à prendre en considération nos propositions visant à réduire les risques et les dommages, qui coûtent 102 milliards d’euros par an à la société. » Il existe pourtant une législation régissant la promotion de l’alcool (et du tabac) en France : la loi Evin. Votée en 1991, cette loi interdit la publicité pour l’alcool à la télévision et au cinéma, avec pour objectif de réduire la pression publicitaire afin de limiter les incitations à la consommation chez les jeunes et de diminuer ainsi le risque de maladies liées à l’alcool.

L’association souligne que cette loi a été fréquemment contestée par le lobby des producteurs d’alcool. En 2009, la publicité pour l’alcool a même été autorisée, alors qu’elle était auparavant prohibée. Concernant les sanctions, l’association les considère comme « non dissuasives » ; en effet, l’amende maximale pour les infractions à la loi Evin atteint seulement 75 000 euros, un montant jugé « dérisoire » pour des groupes industriels dépensant des dizaines de millions d’euros dans leurs campagnes publicitaires. Pour ces raisons, Addictions France appelle de manière urgente à la création d’une nouvelle loi interdisant spécifiquement la publicité pour l’alcool sur les réseaux sociaux.