Quelles sont les principales caractéristiques des réseaux sociaux qui sont susceptibles de transformer notre langage ? 

D’une part, leur très grande accessibilité permet de partager des contenus avec des instances de partout. On retrouve l’idée de l’échange, de former des communautés. Deuxièmement, les réseaux sociaux sont caractérisés par une capacité d’amplification sans égale sur le plan technologique. Et finalement, sur le plan psychologique, ils favorisent une forme de désinhibition, puisqu’on est en lien immédiat avec tout le monde, sans être face à face. Cela libère les impulsions des uns et des autres.

Mark Zuckerberg, dirigeant de Facebook, a annoncé qu’il allait assouplir la modération sur sa plateforme. Le propriétaire de X, Elon Musk, assume sa proximité avec la ligne du président Trump. Quelle conséquence sur notre langage ? 

Sur le versant de ceux qui maîtrisent les plateformes, on s’attend à un phénomène: la propagation massive de messages de désinformation, qui cherchent à influencer, voire à manipuler, les utilisateurs. Des études estiment que 2025 sera l’année où 98% des contenus sur les réseaux sociaux seront désinformants ou manipulatoires.

Est-ce que cela entraîne plus de violence dans les propos ? 

Oui. Je mentionnais plus tôt la désinhibition sur les réseaux; elle favorise la haine communicative. Depuis une dizaine d’années, et dans pratiquement toutes les sociétés, nous sommes dans une culture de communication où la brutalité et la vulgarité dominent. Les réseaux sociaux sont une cause, mais il y en a d’autres. Dans la plupart des sociétés […]