Qu’on se le dise tout de suite, je n’ai pas fait l’armée. Cela ne m’empêche pas d’avoir un avis et de m’être prononcée dans les urnes en 2013 sur l’initiative contre l’obligation du service militaire, d’ailleurs vivement balayée par le peuple. Je garde une curiosité toute particulière pour l’institution militaire, qui, de fait, conserve sa part de mystère.
J’en ai entendu des récits d’école de recrues et de cours de répétition, narrés par la gente masculine avec une certaine erté ! Dans leur bouche, le passage par la caserne est «formateur». On l’assimile à une école de vie, un apprentissage de l’autorité et de la vie en communauté. Il n’empêche que je m’étonne à chaque fois de l’engouement qui entoure ces souvenirs vécus la mitraillette en bandoulière.
Bien sûr, les conflits armés paraissent bien loin de nos places d’armes, coiffées d’une neutralité tout helvétique. Mais en s’enrôlant dans l’armée, les jeunes recrues acceptent de servir leur pays, autant que l’éventualité de tuer ou d’être tué. Avec application, les soldats répètent les gestes, exécutent les ordres, se préparant ainsi au pire. Sous l’uniforme, reste cependant l’humain, et son libre arbitre. Ménager une place à l’éthique, serait-ce se condamner à la faiblesse?
L’armée tient en estime la réflexion des soldats. En développant une cohésion de groupe au sein de la troupe, elle veut garantir un minimum d’humanité au soldat. Mais celui-ci peut s’y perdre. L’institution militaire inclut alors dans ses rangs, sous le grade de capitaine aumônier, des théologiens. Comme une boussole à glisser dans le paquetage de chacun des soldats. […]