La première fois que j’ai entendu parler d’ethnopsychiatrie, j’ai d’abord eu l’impression d’être à la maison tellement le processus de devoir faire le passage d’une culture à l’autre m’était familier. N’est-ce pas ce à quoi nous sommes formés comme théologiens pendant plusieurs années à l’université? Apprendre les langues (grec et hébreu), comprendre les notions anthropologiques qu’elles véhiculent, situer le mode de vie d’alors et l’environnement géopolitique, ainsi que, bien sûr, la manière de se représenter Dieu et la relation que les humains de ce temps-là pouvaient entretenir avec lui.

C’est bien tout cela qui est nécessaire pour lire et restituer au mieux les textes bibliques afin de savoir ce qu’ils peuvent nous dire aujourd’hui dans notre culture et nos représentations du monde si différentes de celles du Proche-Orient d’il y a deux ou trois mille ans. En fait, c’est ce que l’on pourrait appeler du métissage. Apprendre ou «prendre» des manières d’être ou de penser d’une autre culture pour le faire sien, comme une richesse que l’on s’approprie.

Si l’ethnopsychiatrie dont j’entendais parler pour la première fois il y a 25 ans me semblait si familière, c’est parce qu’elle postule […]