Des geôles algériennes au palais de l’Élysée. L’écrivain de 81 ans Boualem Sansal a été gracié et libéré le 12 novembre dernier par l’Algérie, où il était détenu dans la prison de Koléa, à moins de 40 kilomètres d’Alger, depuis un an. Mardi 18 novembre, il a finalement pu refouler le sol français, où lui et son épouse ont pu être reçus le jour même à l’Élysée par le président de la République, Emmanuel Macron, rapporte BFM TV. Ce dernier « se réjouit profondément de la libération de Monsieur Sansal, grand écrivain dont la dignité, la force morale et le courage ont été exemplaires », peut-on lire dans un communiqué de l’Élysée.
Pour rappel, sa libération a pu être obtenue grâce à l’intervention de l’Allemagne qui a intercédé auprès des instances algériennes. L’auteur franco-algérien a d’ailleurs séjourné chez nos voisins dès le lendemain de sa sortie de prison afin de recevoir des soins médicaux. Il avait été incarcéré après avoir été condamné en première instance et en appel à cinq ans d’emprisonnement, notamment pour « atteinte à l’unité nationale » ou « outrage à corps constitué » après des propos qu’il avait tenus dans une interview accordée en octobre 2024 au média Frontières, classé à l’extrême droite. Dans cette dernière, il avait déclaré que, sous la colonisation française, l’Algérie avait hérité de régions appartenant au Maroc.
Un retour entre émotion et remerciements à l’Allemagne
Le communiqué présidentiel insiste sur le rôle décisif joué par l’Allemagne dans la libération de l’octogénaire atteint d’un cancer de la prostate. Le président de la République salue donc « l’engagement du Président allemand, dont la mission de bons offices a été déterminante ». De son côté, le Comité international de soutien à Boualem Sansal a fait part de sa « profonde émotion » à l’heure du retour en France de leur « ami et compatriote ». Les membres du comité en profitent pour lui adresser « un salut fraternel, […] ainsi qu’à sa famille qui a traversé avec dignité et courage cette épreuve longue, injuste et douloureuse ».
L’Élysée comme les soutiens de Boualem Sansal n’oublient cependant pas la détention toujours en cours du journaliste sportif Christophe Gleizes, lui aussi incarcéré en Algérie et condamné à sept ans de prison. En attente de son procès en appel qui doit débuter dans quelques jours, la présidence française dit travailler sur sa libération, qu’elle souhaite « ardemment ». Même son de cloche du côté du Comité de soutien à Boualem Sansal, qui exige la « libération immédiate de Christophe Gleizes ». Si la décision rendue en appel allait dans son sens, il pourrait être relâché au début du mois de décembre 2025.

