L’Observatoire des inégalités a publié le 3 juin son rapport 2025 sur les inégalités en France, et celui-ci dénonce « une ouverture lente de la fracture sociale » et des inégalités de niveau de vie à leur plus haut niveau depuis trente ans. Le travail de l’organisme indépendant fondé en 2003 s’est basé sur les chiffres les plus récents à leur disposition, qui sont ceux de l’année 2022 en ce qui concerne les niveaux de vie et l’éducation, et la plupart du temps ceux de 2023 pour tout ce qui touche à l’emploi. Réalisé tous les deux ans, le rapport de l’Observatoire traite de la question des écarts entre les populations, que ce soit du point de vue des revenus, de l’éducation, du travail, des modes de vie ou des territoires.
Des disparités salariales et de patrimoines importantes
Cinq millions de personnes vivent avec moins de 1 014 euros par mois, soit 8,1 % de la population. C’est probablement une des données les plus marquantes de ce rapport, alors que ce dernier situe le niveau de vie médian à 2 028 euros. « La moitié de la population gagne moins [que cela], l’autre davantage », peut-on lire dans son état des lieux sur les revenus. L’Observatoire des inégalités retient également que les classes moyennes perçoivent quant à elles des salaires compris entre 1 608 et 2 941 euros par personne, après impôts et prestations sociales.
Cela signifie donc que celles et ceux se situant au-delà de cette fourchette font partie des classes aisées, tant que le cap des 4 056 euros mensuels n’est pas franchi, auquel cas ils se retrouveraient parmi les 5 % les plus riches de France, comme le relève le quotidien Ouest-France. Mais plus que les inégalités salariales criantes, ce sont celles concernant le patrimoine qui frappent dans ce rapport du 3 juin : les 10 % les plus riches disposent en moyenne d’un patrimoine 163 fois supérieur à celui des 10 % les moins fortunés. La première catégorie possédant au moins 716 000 euros, et la seconde moins de 4 400 euros.
Repenser l’école pour démocratiser l’université
La directrice des études de l’Observatoire des inégalités, Anne Brunner, alerte de son côté sur “l’urgence à repenser l’école et ses objectifs » dans l’optique de réduire les inégalités sociales. C’est un des enseignements qu’elle retient du rapport de son organisme, notamment en ce qui concerne les disparités liées à l’éducation, particulièrement entre les hommes et les femmes. Elle relève ainsi que les derniers travaux de recherche sur la question montrent que les filles « ont de moins bons résultats en mathématiques que les garçons dès l’école primaire » et que « l’université ne se démocratise plus ». Ces deux données démontrent une « urgence à repenser l’école et ses objectifs ».
Une urgence indirectement liée à la pénibilité physique au travail dont 35 % des salariés cumulent au moins trois critères, un chiffre qui n’a connu aucune variation pendant les quinze dernières années. L’accès aux grandes études, et donc à des métiers physiquement moins éreintants, est plus simple pour les enfants dont les parents sont diplômés, en comparaison de ceux issus de milieux populaires. « Année après année, les tests de niveaux scolaires montrent à quel point l’école française profite beaucoup plus aux enfants de parents diplômés qu’à ceux de milieux populaires », conclut Anne Brunner sur cette question. Le directeur de l’Observatoire des inégalités, Louis Maurin, dénonce de son côté « une surdité » aux « conséquences politiques » alors que les rapports de son organisme et bien d’autres ne trouvent pas écho en haut de la hiérarchie sociale.
Un écart qui tend à se réduire entre les territoires
La directrice des études de l’Observatoire des inégalités note toutefois « de bonnes nouvelles » malgré tout. Le taux de chômage aurait en effet régressé en huit ans, de 2014 à 2022, passant de 25 % à 18,3 %. La baisse a été moins importante dans les autres quartiers, dénotant une réduction de l’écart entre les territoires les plus défavorisés et le reste de l’Hexagone. « L’évolution est d’autant plus importante à noter que ces quartiers sont ceux de l’habitat social qui accueille les populations les plus démunies et voit souvent déménager ceux qui s’insèrent le mieux dans l’emploi », souligne-t-elle.
À noter qu’on a assisté, selon l’Insee, à un regain de pouvoir d’achat de 0,3 % sur l’ensemble de l’année 2023, suivi d’une hausse de 1,9 % en 2024. Ceci s’explique par l’augmentation des salaires des dernières années, malgré le ralentissement économique et l’inflation. Des chiffres qui évolueront certainement pour l’année 2025 à la lumière des événements qui se déroulent depuis janvier et « l’imprévisibilité du président des États-Unis ». Il faudra cependant attendre la parution de la prochaine édition du rapport dans deux ans pour avoir une vue d’ensemble.