Le constat est édifiant. Dans une enquête publiée le 21 mars par SOS Racisme, 48,50% des 136 agences immobilières testées accèdent aux exigences discriminatoires des propriétaires dont elles gèrent le logement, indique France Info. Comment l’association a-t-elle réalisé cette opération ? Tout simplement en contactant, par téléphone, des agences immobilières partout en France et en se faisant passer pour des propriétaires réclament ces discriminations.
D’après SOS Racisme, les personnes d’origine maghrébine ou subsaharienne, bien qu’elles rempliraient toutes les conditions de solvabilité, “ont une chance sur deux de contacter une agence qui accepterait de pratiquer ou de laisser pratiquer une discrimination à leur endroit”. Une agence sur quatre refuse de faire la sélection elle-même mais laisse le propriétaires choisir ses futurs locataires, écrit France Info, en ne retenant pas “les profils dits arabes ou noirs afin d’éviter les problèmes de voisinage”. De plus, une sur quatre accepte de sélectionner les locataires sur la base d’un critère discriminatoire racial.
Des pratiques qui persistent
“On n’a pas le droit de le faire mais je le fais déjà dans la sélection de mes rendez-vous”, a par exemple assuré à SOS Racisme une directrice d’agence immobilière. “On est dans un quartier assez aisé et on ne peut pas placer n’importe qui. Voilà, je comprends complètement ce que vous voulez dire”, a expliqué une autre agence, selon France Info. “C’est des choses qu’on va pas mettre sur l’annonce parce qu’on n’a pas le droit, mais on fera en sorte que, sur l’accession des locataires, on fasse attention à ça”, dit même une agence Fnaim du sud de la France, d’après Le Monde.
Néanmoins, sur l’ensemble des tests réalisés, les trois quarts des agences immobilières insistent sur le fait que la loi interdit toutes les formes de discriminations. Mais “ces pratiques persistent dans une certaine impunité et le climat politique actuel reste tolérant envers ces discriminations, regrette Dominique Sopo, président de SOS Racisme, auprès du journal Le Monde. Nous n’arrivons pas à faire sanctionner ce délit particulier, pourtant punissable d’au maximum trois ans de prison et 45.000 euros d’amende, car il est toujours difficile d’en administrer la preuve. Les victimes ne sont d’ailleurs pas toujours conscientes de l’avoir subi et cela explique que la jurisprudence soit désertique.”