Un record. La pétition contre la loi Duplomb déposée sur le site de l’Assemblée nationale le 10 juillet dernier par une étudiante de 23 ans a déjà recueilli plus d’un million et demi de signatures lundi 21 juillet au soir. Du jamais vu pour une pétition déposée auprès de l’Assemblée nationale. De quoi faire réagir jusqu’aux membres du gouvernement, signale le Parisien, qui se sont prononcés en faveur de la tenue d’un débat dans l’hémicycle.

Pour rappel, la loi proposée par le sénateur Les Républicains, Laurent Duplomb, prévoit la réintroduction d’un néonicotinoïde, l’acétamipride, pourtant interdit en France depuis 2020, mais pas à l’échelle européenne, afin de permettre davantage de rendements agricoles aux producteurs de noisettes et de betteraves notamment. Une mesure décriée par la gauche, les Écologistes, les associations mais également une partie des agriculteurs et des apiculteurs.

Le gouvernement favorable à la tenue d’un débat

La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a ainsi indiqué sur son compte X, que le gouvernement se tient « pleinement disponible » à « l’organisation d’un débat désormais à la main de l’Assemblée nationale ». Saluant la pétition comme le signe d’un « attachement aux enjeux de santé et d’environnement, qu’[elle] partage pleinement », la ministre a tout de même tenu à réaffirmer son soutien au texte qui « vise à répondre à une situation d’urgence que vivent certaines filières et éviter, demain, qu’elles ne s’éteignent ».

Au contraire de sa collègue à la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, qui avait déjà signifié son opposition à la proposition de loi du sénateur Laurent Duplomb lors des débats précédant son adoption au Parlement. Lundi, également dans un message posté sur X, la ministre s’est redite opposée à la réintroduction de l’acétamipride. Elle a aussi accueilli favorablement l’initiative de la pétition et « salue la volonté de tenir ce débat, manifesté notamment par Yaël Braun-Pivet, la Présidente de l’Assemblée nationale ».

Agnès Pannier-Runacher a également plaidé en faveur de la proposition du patron de Renaissance et ancien Premier ministre, Gabriel Attal, formulée plus tôt ce jour-là, de demander l’avis de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) sur le texte. La ministre voit dans « la saisine de nos autorités scientifiques », une solution permettant « de sortir des postures politiques dans un sens comme dans l’autre », ajoutant que « la science n’a pas vocation à se substituer au politique, mais elle peut utilement l’éclairer ».

La tenue d’un débat à l’Assemblée nationale de plus en plus certaine

Si les membres du gouvernement se sont donc prononcés par messages X interposés, il revient à la conférence des présidents de l’Assemblée nationale de décider de la tenue d’un débat. La pétition a en effet réuni le seuil de 500 000 signatures nécessaires à l’obtention d’un débat en séance publique qui pourra se tenir avec l’accord des présidents de la Chambre basse. Une disposition à laquelle Yaël Braun-Pivet s’est dit « favorable » dimanche dernier, prévenant tout de même que cette discussion autour de la loi Duplomb « ne pourra en aucun cas revenir sur la loi votée ».

Depuis l’adoption de la loi du sénateur Les Républicains, Laurent Duplomb, les débats se font vifs, voire violents, entre les opposants au texte et ses défenseurs. Y compris en dehors de l’Hémicycle. Ces derniers jours, neuf députés ont été victimes de dégradation de leurs permanences ou de menaces, rapporte Ouest-France.

Une autre pétition, cette fois en faveur de la loi Duplomb, a été déposée lundi soir sur le site de l’Assemblée nationale. Elle recense, pour l’heure, moins d’une centaine de signatures.