La violence est intrinsèque à toute société. Depuis une vingtaine d’années, les Français ne s’inquiétaient plus de la sécurité sur le territoire national. En 2012, le terrorisme islamiste est venu interrompre cet état d’esprit. Lorsque la plupart des militaires français sont rentrés d’Afghanistan, c’est alors au Mali que les troupes ont été déployées. L’objectif était de lutter, aux côtés des forces armées maliennes, contre les groupes armés djihadistes salafistes dans toute la région du Sahel. Ainsi, la lutte sur le continent africain contribuait à restreindre la violence terroriste sur le territoire national.

L’éthique du militaire

Dans la Bible, le rapport de force est illustré par la loi du talion dans l’Ancien Testament1, « œil pour œil, dent pour dent » : il s’agit d’éviter la surenchère de la violence. Ce que le militaire cherche à obtenir, pour remplir sa mission, tout en respectant les valeurs de son pays.

L’éthique du militaire se définit par le respect des lois internationales. Le droit international humanitaire a notamment vu le jour dans le cadre des Conventions de Genève en 1864, à l’initiative d’Henri Dunant2 , choqué par l’agonie des soldats abandonnés lors de la bataille de Solférino, cinq ans plus tôt. Mû par des valeurs humanitaires, le militaire est conduit à respecter son ennemi, par exemple en accordant une trêve (voir encadré). Le militaire doit être exemplaire dans son comportement. Cette exemplarité lui confère une légitimité et un soutien de l’opinion publique, assurée que sa mission sera remplie dans le respect des valeurs qu’elle défend.

La législation actuelle a quelques leviers à sa disposition 

Le but des rapports de force est de contraindre les protagonistes à se mettre autour de la table pour régler leurs différends. Le projet est de vivre en paix. Aiglon Makasi, auteur-compositeur congolais, le rappelle avec conviction : « Et voilà l’objectif de ma lutte, que mon adversaire devienne mon collaborateur3. »

Au cours de l’opération Licorne en Côte d’Ivoire en 2006, je suis intervenu avec les aumôniers militaires ivoiriens pour organiser une prière pour la paix à la basilique de Yamoussoukro, en présence de tous les protagonistes. Lors de l’opération Sangaris en Centrafrique (2013- 2016), les aumôniers militaires catholiques, protestants et musulmans allaient au contact des communautés pour les inciter à se réconcilier. Ces exemples montrent que les rapports de force doivent être dépassés par des initiatives qui permettent de rétablir la confiance.

Pour pacifier l’humanité, il convient de viser l’intérêt général, régulièrement remis en cause par la défense d’intérêts particuliers. L’éducation offrira une garantie de paix sur le long terme. Des citoyens formés et éduqués seront en mesure d’analyser le monde pour prendre des décisions éclairées.

1 Exode 21.24. 
2 Henri Dunant, Un souvenir de Solférino, Comité international de la CroixRouge, texte original de 1862.
3
4 Général Benoît Royal, L’Éthique du soldat français, Économica, 2014.

Par Stéphane Rémy, pasteur et aumônier militaire

La résolution 678 du Conseil de sécurité des Nations unies est un exemple d’autorisation de recours à la force. Une coalition de trentecinq pays a enclenché l’opération Tempête du désert, en janvier 1991, pour contraindre les forces irakiennes à évacuer le Koweït.