Le Parlement européen adopte, mardi 9 septembre, une loi contre le gaspillage alimentaire et les déchets textiles, notamment liés à la fast fashion. En moyenne, chaque Européen génère 130 kg de déchets alimentaires et une quinzaine de kilos de déchets textiles, un secteur dans lequel le recyclage n’existe presque pas. Sans mesure concrète, cette nouvelle loi fixe aux États des objectifs contraignants de réduction des déchets dans l’alimentation. Ainsi, en 2030, chaque État membre devra réduire de 30% les déchets alimentaires de la distribution, de la restauration et des ménages, et de 10% ceux générés par la transformation et la fabrication des aliments, a indiqué BFM TV. Cette baisse sera calculée par rapport aux volumes annuels enregistrés entre 2021 et 2023. En première lecture, les eurodéputés avaient voté pour des objectifs de -40% et -20%, mais ont dû faire des compromis. Aucun objectif n’a été assigné au secteur agricole, ce qui a été dénoncé par des ONG comme WWF. « Les pertes qui surviennent avant, pendant et après la récolte ou l’élevage représentent une part considérable du gaspillage alimentaire tout au long de la chaîne de valeur », a souligné l’organisation environnementale.
Le secteur du textile inclus dans la loi
Cette loi contre le gaspillage inclut également le secteur textile. Les producteurs devront s’assurer de la collecte, du tri et du recyclage des vêtements en fin de vie, mais aussi les prendre en charge financièrement. L’Union européenne a souligné combien la production textile était demandeuse en eau. Le Parlement cible la mode « ultra éphémère », la fast fashion, avec des vêtements peu chers, souvent venus de Chine. La Commission européenne a ouvert une enquête contre la plateforme chinoise Shein qu’elle soupçonne de lutter insuffisamment contre la vente de produits illégaux et non respectueux des normes européennes.
Le secteur du textile représente 4 milliards de tonnes de CO2 émises annuellement, soit 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. En France, la loi AGEC ou anti-gaspillage pour une économie circulaire oblige, depuis janvier 2022, le réemploi, la réutilisation ou le recyclage des produits non alimentaires vendus. La Commission européenne a adopté, le 30 mars 2022, une stratégie pour des textiles durables et circulaires qui comprend plusieurs mesures comme l’obligation d’une quantité minimale de fibres recyclées dans la composition des textiles. Figurent aussi la mention d’une information plus précise sur les textiles et un passeport numérique du produit, ainsi que des contrôles stricts en matière d’éco-blanchiment.
Cinq ans de la loi anti-gaspillage en France
Le Sénat a adopté, le 10 juin 2025, une proposition de loi ayant pour objectif de réduire la pollution engendrée par la « fast fashion ». Cette proposition introduit plusieurs mesures, comme l’obligation aux entreprises de vente en ligne d’ultra fast fashion de mieux informer les consommateurs sur leurs impacts social et environnemental, ainsi que sur l’origine de fabrication du vêtement ; des pénalités renforcées selon le principe de pollueur-payeur ; une interdiction de publicité sur les médias classiques ; une taxe sur les petits colis, de moins de 2kg, en provenance de l’étranger.
Le 10 février 2025, à l’occasion des cinq ans de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC), le ministère de la Transition écologique a dressé un bilan de ses effets. Les produits plastiques à usage unique sont progressivement interdits depuis 2021 ; l’info-tri, une signalétique qui permet de mieux trier ses produits au quotidien, a été mise en place. Dans le cadre de la lutte contre l’obsolescence programmée, la loi a permis de créer l’indice de réparabilité, qui indique le caractère plus ou moins réparable d’un produit. Le bonus réparation sur les produits électroniques, électriques et textiles est disponible depuis 2022 et de nouvelles filières pollueurs-payeurs sont mises en place depuis 2021. Toutefois, l’association Zero Waste France a relevé que « sans véritables moyens de contrôle et en l’absence de sanctions réellement dissuasives, de nombreuses mesures sont aujourd’hui ineffectives ».