«Nous ne pouvons pas réparer les injustices du passé, mais nous pouvons les reconnaître et les accepter. Et nous devons veiller à ce qu’elles ne se répètent pas.» Les mots du conseiller fédéral Beat Jans donnaient le ton le 6 décembre dernier au siège du Conseil de l’Europe, à Strasbourg. La délégation suisse a rassemblé des politiciens, militants et survivants de toute l’Europe pour faire le point sur la lutte contre les violences faites aux enfants. 

Il s’agissait de dresser un panorama de la situation un an après l’adoption par le Conseil de la résolution 2533 qui exhorte les pays membres à reconnaître les éventuels abus commis par l’Etat et à mettre en place des mesures pour améliorer la prise en charge des mineurs. Une résolution pour laquelle la Suisse a milité en invitant aux débats d’anciens enfants placés et en donnant comme exemple ses propres démarches de réparation.

Les victimes partie prenante

Dans notre pays, les placements forcés ont fait des dizaines de milliers de victimes aux XIXe et XXe siècles. Des enfants illégitimes, nés dans des familles pauvres ou de gens du voyage étaient envoyés dans des foyers, souvent des fermes. Ils étaient régulièrement négligés, exploités, battus ou même abusés sexuellement, dans l’indifférence de la société. 

Cette situation a progressivement changé au cours de la seconde moitié du XXe siècle. Les victimes ont commencé à se faire entendre plus largement dès 2010 grâce à la pression des médias et au lobbying des associations de survivants. Ces dernières ont déposé une initiative populaire en […]