Confrontée à la détresse des élèves ayant tout perdu suite au passage du cyclone Chido, la ministre de l’Éducation nationale, Élisabeth Borne, a assuré ce jeudi à Mayotte qu’elle œuvrerait pour rétablir l’école « le plus rapidement possible » afin d’accueillir les enfants toute la journée comme le relate Mayotte La 1ère« Il est essentiel que nous puissions accueillir les enfants toute la journée, et nous allons travailler pour rétablir l’école au plus vite », a déclaré la ministre, lors de sa visite de deux jours dans ce territoire français de l’océan Indien, accompagnée du ministre des Outre-mer, Manuel Valls. Lundi, 115 000 élèves ont repris le chemin de l’école dans ce département frappé par le cyclone tropical Chido, qui a dévasté la région le 14 décembre, faisant au moins 39 victimes et causant des destructions massives.

Trois jours après cette rentrée marquée par des conditions difficiles, la ministre a visité une école primaire à Labattoir. Sur place, le directeur de l’établissement, Michel Roche, a évoqué la grande souffrance des élèves. Une enseignante a expliqué avoir passé un mois sans électricité, tandis qu’un autre membre du personnel a décrit la situation dramatique des enfants : sans matériel, sans vêtements, souffrant de la soif, certains ayant « tout perdu », et une fillette ayant perdu son père lors du passage du cyclone. « L’école est essentielle partout, mais ici, c’est un havre de paix, où les enfants reçoivent une collation », a déclaré Mme Borne, mettant en lumière l’importance capitale des écoles pour ces enfants manquant de nourriture et d’eau.

De nouveaux approvisionnements à venir

« Il est important qu’on puisse aller à l’école toute la journée », a reconnu la ministre, répondant à une élève qui lui demandait quand ils pourraient revenir à l’école sans devoir passer par des rotations. La ministre, consciente des difficultés préexistantes à Chido, a assuré que « le matériel de base » serait « redonné » aux élèves de Mayotte, un département où plus de la moitié de la population a moins de 18 ans. Un membre du rectorat lui a expliqué la logistique de distribution des kits solaires. Ainsi, environ 130 palettes de matériel scolaire ont été envoyées par fret aérien. Des kits comprenant des crayons, de la colle, des stylos et des cahiers seront distribués dans trois centres principaux de Grande-Terre, l’île principale, où les écoles pourront venir les récupérer. En Petite-Terre, des kits ont déjà été distribués.

Avant le passage du cyclone Chido, le système scolaire de Mayotte, le département le plus pauvre de France où la moitié des habitants a moins de 18 ans et ne parle pas français, était déjà en difficulté. Selon les plannings du rectorat, les collégiens et lycéens ne sont accueillis qu’un à deux jours pendant cette semaine de rentrée. « Les solutions varient, mais près de 75% des élèves du second degré sont accueillis, tandis que l’on atteint 50-55% dans le primaire. Nous avons choisi de démarrer prudemment, afin que les enseignants puissent être attentifs à la situation des élèves et identifier ceux qui pourraient avoir été affectés psychologiquement », a expliqué la ministre lors d’une conférence de presse ce jeudi.

« Pour chaque élève, il y a des cahiers, des crayons, des stylos (…) les fournitures arrivent et elles sont là », a précisé la ministre. Elle a également mentionné un nouvel approvisionnement qui devrait arriver « d’ici quelques semaines » par voie maritime. En ce qui concerne les effectifs et les rumeurs de départs de professeurs, la ministre a assuré que « les professeurs sont présents à 95% dans le second degré ». Cependant, la rentrée a été marquée lundi par un mouvement de grève lancé par le syndicat FSU-SNUipp Mayotte. Un rapport de la chambre régionale des comptes (CRC) en 2022 avait déjà souligné que les établissements étaient « saturés » et que les infrastructures scolaires étaient « dégradées, nécessitant des travaux de rénovation importants ».