L’opération “Wuambushu”, qui signifie “reprise” en mahorais, prévoit de déloger des migrants illégaux installés dans des bidonvilles du département français de Mayotte. Elle vise également à expulser les Comoriens entrés illégalement sur le territoire vers l’île comorienne la plus proche. Anjouan est située à seulement 70 km de l’archipel français de l’océan Indien. Pas moins de 1 800 policiers et gendarmes sont mobilisés à Mayotte, chiffre franceinfo. Une intervention voulue par Gérald Darmanin, le ministre français de l’Intérieur et des Outre-mer.
Département le plus jeune et le plus pauvre de France, Mayotte connaît une importante pression migratoire. Selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), près de la moitié des 350 000 habitants de Mayotte n’ont pas la nationalité française. Cependant, un tiers des étrangers de l’île y sont nés.
Décision de justice
Alors que la destruction de bidonvilles devait commencer mardi 25 avril, la justice administrative a annulé jusqu’à nouvel ordre l’opération programmée dans le quartier informel de Talus 2, à Majicavo, annonce RFI. La justice estime que “la destruction des habitations” est “manifestement irrégulière”. Qui plus est, elle met “en péril la sécurité”. Si le préfet a dit “prendre acte” du jugement, il a fait savoir à la presse qu’il allait demander aux avocats de l’État de faire appel.
Dans le bidonville de Talus 2, une centaine de familles d’origine comorienne étaient sous le coup d’une expulsion, rapporte notre envoyé spécial Romain Philips. Talus 2 est un quartier informel, fait de tôles bleues et grises et accroché à une colline. Selon la radio, certaines familles vivent là depuis trente-cinq ans. Avec l’aide d’un collectif d’avocats, une vingtaine d’entre elles avaient saisi le juge.
Action des Comores
Saïd, un collégien de 15 ans, vit dans un bidonville. Enfant de Comoriens en situation irrégulière, il est né en France, et ne peut pas être expulsé. Il craint cependant de se retrouver seul, avec ses frères et sœurs. D’autres enfants sont dans son cas. D’ailleurs, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, entre 3 000 et 4 000 mineurs non accompagnés sont présents à Mayotte, à la suite d’expulsions notamment. Si le préfet de l’île compte reprendre rapidement l’opération “Wuambushu”, il pourrait se heurter à d’autres difficultés qu’une décision de justice. Les Comores ont refusé, lundi, de laisser accoster un bateau transportant une soixantaine de personnes.