À partir d’une question d’actualité, la « boussole de la FEP » propose des pistes de réflexion pour nourrir le sens de nos actions et tenter d’éclairer le sens des événements que nous traversons.
La parole
Aucune parole pernicieuse ne doit sortir de vos lèvres, mais, s’il en est besoin, quelque parole bonne, capable d’édifier et d’apporter une grâce à ceux qui l’entendent
La Bible, Éphésiens, chapitre 4, verset 29
Chemin de réflexion
Par affection pour l’autre
Il est loin le temps des pauses café où l’on apprenait à faire avec l’humour d’untel, où l’écoute des soucis familiaux de tel autre était naturelle autour du gâteau partagé. Visioconférences, communication par messages, visages masqués… tout cela nous handicape vraiment, en nous privant des signaux non verbaux, dans nos capacités à vérifier que nos paroles font du bien aux autres.
Avoir des paroles qui apportent à l’autre une grâce, un encouragement et qui font du bien. Des paroles bonnes, des paroles utiles. Quelques versets plus haut, l’écrivain invite les chrétiens d’Éphèse à rejeter le mensonge. Se donner comme idéal de faire du bien à l’autre par ses paroles, c’est aller plus loin : c’est avoir la capacité de se taire aussi, par affection les uns pour les autres.
Parce que les deux années que nous venons de vivre ont mis à mal la vie en équipe, la communication fluide, parce que nous nous trouvons à fleur de peau sur trop de sujets après les difficultés traversées, nous aurons beaucoup à gagner à nous répéter souvent, à afficher dans nos bureaux cet idéal : faire du bien à l’autre par nos paroles.
Isabelle Bousquet, pasteur, Fondation John BOST
Des paroles cadeau
Nous ne sommes, bien sûr, pas toujours responsables des paroles que l’on écoute. En revanche, l’apôtre Paul nous indique clairement, dans ce passage, que nous sommes responsables de celles qui sortent de nos lèvres : chacun de nous connaît ces paroles qui peuvent blesser, même si ce n’était pas notre intention.
Paul nous invite à les garder dans notre bouche, ainsi elles ne porteront tort à personne. Tort qui, la Bible nous le rappelle, peut être considérable : c’est la raison pour laquelle Paul nous recommande vivement de maîtriser notre langue (tout en convenant que ce n’est pas facile), à être toujours plus rapide à écouter les autres qu’à leur parler.
De plus, l’apôtre nous exhorte à rechercher les mots susceptibles d’édifier l’autre, de l’aider à construire sa vie, de le faire grandir, par des encouragements ciblés. Nous pouvons ainsi, affirme-t-il, lui apporter une grâce particulière venant de Dieu, parfois même sans nous en rendre compte. Non seulement notre langue n’aura pas causé de torts, mais elle aura apporté à l’autre un vrai cadeau de la part du Seigneur !
Mario Holderbaum et Bruno Landais, pasteurs, Église tzigane Vie et lumière
Il suffit d’un rien pour faire mal… ou faire du bien
Ce verset paraît simple à comprendre mais comme il est difficile à mettre en pratique ! L’apôtre Paul nous met en garde : nos paroles peuvent être un baume mais aussi un poison bien amer. L’homme est un être de communication : sa parole peut expliquer, construire, encourager, valoriser, mais elle peut aussi décourager, contrarier, blesser, condamner.
Nos paroles peuvent faire toute la différence pour les personnes que nous côtoyons. Un « bonjour », « merci », « ne vous inquiétez pas », « bienvenue » peuvent redonner dignité, courage, le sentiment d’être considéré, voire d’exister à ceux qui ont été jusque-là malmenés par la vie. Il nous revient d’être généreux de ces paroles qui font du bien, même au-delà de ce que l’on peut imaginer ! À l’inverse, sachons faire l’économie de ces mots que nous lâchons sans réfléchir et qui peuvent faire si mal ! La médisance, le négativisme, le jugement sont des tentations faciles. Heureusement, un « pardon », « je suis désolé », « excuse-moi » laissent l’amour avoir le dernier mot !
Nathalie Vezier, chargée de projet, le SEP (Service d’Entraide Protestant), La Grand-Combe (Gard)
Des mots pour prier
Comme une naissance, comme un jaillissement, bousculant la nuit, traversant la mort, je voudrais forcer les portes du silence…
Comme un veilleur, comme un guetteur, j’aimerais devancer l’aurore, faire lever le soleil, annoncer le plein jour, signifier des merveilles, semer des cris de joie, récolter des chants de fête…
Je viens frapper à ta porte, sur le seuil de ta demeure quêter ta présence, accueillir ton silence…
Paroles de silence, Édition Mame, 1991.