Par Pierre-Olivier Dolino, délégué général de la Fédération de l’entraide protestante
Lors des Journées nationales de juin, à Sète, nous avons amorcé une réflexion sur l’approche systémique, à laquelle ce numéro de Proteste fait écho. Au cœur de la démarche, deux questions émergent : quel monde souhaitons-nous bâtir et, au-delà de nos (tentatives de) réponses aux difficultés de celles et ceux que nous accompagnons – se nourrir, se loger, s’orienter – comment pourrions-nous agir sur les causes profondes qui les génèrent ?
Depuis bien longtemps, la Fédération de l’Entraide Protestante affirme que mieux vaut enseigner à pêcher
que de donner un poisson. Mais aujourd’hui, nous faisons face à des réalités complexes : surpêche, océans pollués, déséquilibres globaux… Comment savoir si nous avançons dans la bonne direction ?
C’est là que la notion de mesure d’impact social prend tout son sens. Plébiscitée par l’économie sociale et solidaire, elle permet de valoriser le rôle des associations dans une société obnubilée par la performance marchande. Plus qu’un outil pour convaincre les financeurs, elle est un levier de pilotage, d’interrogation et, parfois même, de remise en question.
Certes, mesurer, évaluer, quantifier suscitent des réticences légitimes. L’obsession du résultat a trop souvent usé des femmes et des hommes sommés de privilégier la rentabilité. Car au fond, ce qui compte, ce n’est pas vraiment ce qui se compte. Rappelons-nous que c’est lors d’un grand recensement qu’Hérode décida de tuer les nouveau-nés de Bethléem, forçant Jésus à l’exil.
Nous pourrions nous demander s’il existe une manière évangélique de mesurer son impact. Janick Manissian, président de Solidarité protestante France-Arménie, nous met sur la voie en page 7 : « On ne compte pas les jours, on fait en sorte que les jours comptent. »
« Quand le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt », affirme le proverbe. À nous d’élever nos regards et de choisir la bonne lorgnette.