Sauf surprise, le gouvernement de Michel Barnier vit ses dernières heures ce mercredi 4 décembre. En fin d’après-midi, deux motions de censure seront votées par les 577 députés de l’Assemblée nationale, l’une déposée par le Rassemblement national, l’autre par le Nouveau Front populaire. Si elles sont votées à la majorité, le gouvernement doit démissionner. Alors, tombera ou tombera-t-il pas ?
Dans une ultime invitation médiatique avant sa chute, le chef du gouvernement s’est présenté mardi soir aux JT des deux premières chaînes avec l’intention d’avertir les Français des conséquences néfastes d’une censure : « Si la motion de censure passe, tout sera plus difficile et tout sera plus grave. » Il a également prévenu que sans l’adoption du budget 2025, 18 millions de Français pourraient voir leurs impôts augmenter, précise Ouest-France.
Macron anti “politique-fiction”
Peu après, Emmanuel Macron, actuellement en Arabie saoudite, a, comme son Premier ministre, fait appel à la responsabilité des députés lors du vote des motions de censure, rapporte BFMTV. Le chef de l’État rappelle que sa « priorité, c’est la stabilité » du pays, et il assure ne « pas croire au vote d’une censure ». De plus, il s’est empressé de qualifier de « politique-fiction » les appels à la démission de son poste, réclamés par les groupes d’opposition.
Mais une telle crise politique aurait-elle été évitable ? Le choix d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale l’été dernier et de ne pas nommer de Premier ministre NFP ou RN à la tête du gouvernement de cohabitation annonçait déjà de mauvais présages pour la suite. Une analyse partagée par Jean-Jacques Urvoas, ancien ministre de la Justice (2016-2017), auprès du Huffpost : « Les premiers ministres ne sont que les dommages collatéraux des erreurs présidentielles. »
La responsabilité de la situation politique actuelle est donc partagée entre le manque de concessions du Premier ministre avec les oppositions de l’Assemblée, et des choix ratés du Président de la République. À la fin, avec un gouvernement renversé ou non, il faudra bien trouver un responsable. Pour l’heure, Michel Barnier essuie les premières balles d’une politique du chaos causée par les choix de son Président. La défaite aux élections européennes, suivie de la dissolution, puis d’une nouvelle défaite aux élections législatives anticipées, ont conduit le gouvernement à sa perte et à un triste record. Celui d’être en passe de devenir le gouvernement le plus éphémère de la Ve République.